Introduction Une approche de la photo Le matériel La prise de vue Quelques thèmes de photos La mise en forme Le laboratoire La vision et la photographie La photo en commun   - Le photo club   - Salons et expositions Les techniques particulières L'invention de la photographie Conclusion	8ème partie La photo en commun
	Il y a deux sortes de photographes, ceux qui donnent et ceux qui prennent. Seuls les premiers sont des créateurs. Michel TOURNIER

 

8.1 - Le photo-club.

8.1.1 - Pourquoi un club photo ?

La situation est classique : j'aime la photo, je suis assez satisfait de ma production, je travaille seul, alors un club-photo, pour quoi faire ?

Deux éléments de réponse :

• Tout d'abord, et de façon égoïste, il y a sûrement dans mon entourage un photographe amateur qui connaît certaines recettes que je ne connais pas encore et dont je pourrais profiter.
   
• Mais, en contrepartie, les quelques éléments que je possède permettront peut-être à d'autres amateurs de franchir plus aisément le premier pas.
   

De plus, il y a certainement du matériel que je n'envisage pas d'acheter, soit parce que j'en aurai trop peu souvent l'utilisation, soit parce que son coût est trop élevé. Mais lorsque plusieurs personnes sont intéressées, l'utilité d'un achat devient plus évidente et cela justifie l'achat par le photo-club. Mentionnons enfin parmi les motivations d'un club, le plaisir que l'on éprouve à se réunir périodiquement pour parler d'un loisir commun : la photo.

8.1.2 - Comment lancer un club et le faire durer ?

Le lancement d'un club est, en général, le fait d'une petit groupe de mordus ; au départ, il importe de faire un certain nombre de réunions traitant d'aspects relativement élémentaires de la photographie, afin de ne pas décourager les débutants. Il est indispensable d'adopter un langage aussi peu technique que possible ; chacun se persuadera ainsi que la photographie, c'est quelque chose de simple, ce qui d'ailleurs est vrai. Les réunions doivent absolument être régulières, toutes les quatre ou cinq semaines ; seul le rythme régulier, marque d'un bon fonctionnement, attire de nouveaux membres. Après chaque réunion, il semble indispensable qu'un court bulletin (deux pages environ) soit édité. On y trouvera tout d'abord le compte rendu résumé de la réunion précédente et notamment des exposés qui ont pu être réalisés. Peuvent également y figurer toute une série de renseignements techniques ou informatifs, simples mais utiles. Il convient enfin de souligner l'importance qu'il y a pour les animateurs de club de chercher à recruter de nouveaux adhérents ; en effet, par le jeu des mutations assez fréquentes, dans un club comprenant une vingtaine de membres, il n'y a que 5 à 10 personnes qui ont quelques chances de rester sur place pendant une période relativement longue. Avec un peu d'humour, vous trouverez plus loin quelques conseils relatifs au fonctionnement d'une association.

8.1.3 - Moyens à mettre à la disposition des membres.

A) Le laboratoire.

Elément primordial, car il permet à chacun de travailler grâce à un matériel qu'il n'a pas toujours la possibilité d'acquérir personnellement. Il est indispensable de trouver une pièce de 10 m² environ disposant de l'eau, de l'électricité et du chauffage ; il s'agit de la plus grande difficulté à résoudre pour un club ; après, il ne reste plus qu'à faire confiance aux bricoleurs attitrés. L'équipement intérieur devra être simple mais robuste, un agrandisseur bon marché rendra des services appréciables pendant quelques années.

La solution consiste alors à initier les membres du club aux techniques du développement et du tirage au cours de séances réunissant, au laboratoire, un nombre restreint de personnes ; ultérieurement, des séances de perfectionnement permettront de communiquer à chacun les trucs, les finesses qui aident à réaliser des photos d'un autre niveau. Lorsque chaque photographe peut voler de ses propres ailes, le laboratoire est laissé à sa libre disposition ; pour ce faire, chacun peut se procurer la clé en s'inscrivant auprès d'un responsable. Les approvisionnements en produits et papiers étant faits par les animateurs du club, chaque utilisateur du laboratoire indique, en rendant la clé, quelle a été sa consommation de fournitures et règle le prix convenu à l'avance (par exemple : 0,15 € pour une photo 9 x 13 cm). Autre solution : le club fournit seulement les produits chimiques et chaque photographe apporte son papier. Tout doit être conçu afin de simplifier au maximum les activités du laboratoire ; ainsi, le révélateur pour le développement des pellicules doit être choisi à bain perdu afin d'éviter des calculs fastidieux. De même, sur les murs du laboratoire sont apposées des fiches rappelant de façon succincte quelles sont les étapes à suivre pour développer les pellicules et tirer les photos. Enfin, les achats de produits sont effectués par le club qui peut ainsi procéder à des commandes plus importantes en quantité et profiter de prix avantageux (un jerrican de 5 litres de révélateur ou de fixateur est plus économique que de nombreux flacons de 300 cm³).

B) Autres moyens.

Le club photo peut se constituer une petite bibliothèque spécialisée en achetant certains ouvrages techniques et en s'abonnant à une ou plusieurs revues. Si le club en a les moyens, pourquoi ne pas acheter un appareil photo en kit (boîtier + 3 objectifs) et le louer aux membres du club à un prix très raisonnable ; il est ainsi possible de donner à chacun le goût d'utiliser un matériel plus performant qui permette d'avoir une vue différente de la photo (grand angle, télé, et non plus seulement objectif normal). Un équipement de studio (flashes et fond) est aussi à envisager. Les animateurs d'activités photo doivent dans un premier temps encourager à la facilité en fournissant le maximum de moyens. Les membres du club se laisseront rapidement prendre au piège, c'est-à-dire se passionneront à leur tour pour ce type de loisir. Tout cela pourra se concrétiser par des sorties en commun sur le terrain où tous travailleront le même thème avec les conseils des uns ou des autres et pourront ensuite comparer leurs résultats.

8.1.4 - Animations locales.

Il existe des salons ou concours au niveau régional ; les animateurs des clubs photo doivent déployer tous leurs efforts pour que la participation des photographes soit la plus importante possible. En effet, cela permet tout d'abord de manifester l'appartenance de chacun à une association qui dépasse le niveau départemental.

Un conseil utile à donner : un animateur de club peut aller visiter le salon photo ; qu'il photographie alors les oeuvres exposées sur pellicule diapo qu'il sera ensuite possible de projeter et de commenter au cours d'une réunion de club.

Un club peut stimuler l'ardeur de ses adhérents en subventionnant ceux qui désirent participer aux salons : papier à tarif réduit ou même gratuit, fourniture gratuite du carton support, participation financière aux frais de développement des photos couleur, prise en charge par le club des frais d'envoi, etc. Lorsque les photos reviennent d'un salon, il serait alors simple pour les animateurs du club qui disposent d'une quantité substantielle de photos d'organiser une exposition dans des locaux appropriés. Une telle manifestation est tout d'abord une source de fierté légitime de la part des photographes, mais elle constitue également un bon moyen de stimulation et donc de progrès.

Pourquoi ne pas envisager également l'organisation d'une exposition sur un thème local en liaison avec un organisme ou une association (syndicat d'initiative, office de tourisme...) ?

En suivant ces quelques conseils, un club doit pouvoir fonctionner bien et longtemps pour le profit de chacun de ses membres. Et si la concurrence est plus difficile au sein des prochains salons, cela vaudra le déplacement.

8.1.5 - Un peu d'humour.

Les dix moyens de tuer une association - 1 - N'assistez pas aux réunions. - 2 - Si vous venez par hasard, arrivez trop tard. - 3 - Critiquez le travail des dirigeants et des membres. - 4 - N'acceptez jamais de poste, car il est plus facile de critiquer que de réaliser. - 5 - Fâchez-vous si vous n'êtes pas membre du Bureau, mais si vous en faites partie, ne faites aucune suggestion. - 6 - Si le Président vous demande votre opinion sur un sujet, répondez que vous n'avez rien à dire ; après la réunion, dites à tout le monde que vous n'y avez rien appris, ou bien dites comment les choses auraient dû être faites. - 7 - Ne faites que ce qui est absolument nécessaire, mais quand d'autres membres retroussent leurs manches et donnent leur temps de tout coeur et sans arrière pensée, plaignez-vous que l'association est conduite par une clique sans mérite. - 8 - Retardez le paiement de votre cotisation aussi longtemps que possible. - 9 - Ne vous souciez pas d'amener de nouveaux adhérents. - 10 - Plaignez-vous qu'on ne publie jamais rien sur l'objet de votre activité, mais n'offrez jamais d'écrire un article, de faire une suggestion ou de présenter un rédacteur. (avec l'autorisation du Cyclope - Bulletin du Club Ciné de l'Hay-les-Roses)

 

8.2 - Salons et expositions.

8.2.1 - Intérêt des salons.

Les salons et les concours de photographie donnent aux amateurs l'occasion de connaître l'avis d'un jury sur leurs oeuvres. L'exposition publique leur permet de montrer leurs photographies et d'obtenir ainsi une consécration flatteuse de leurs efforts. Enfin, le salon permet à chacun de voir les oeuvres d'autres amateurs et d'élargir ainsi ses horizons ; il est très profitable, pour s'améliorer soi-même, de voir beaucoup de bonnes photographies, de les analyser, de les commenter. Même si on pense que l'avis du jury peut être critiquable – une telle discussion est aussi un moyen, pour chaque amateur, de définir ses goûts personnels et de rechercher sa propre personnalité.

Comme cela a été indiqué plus haut, chaque année, des salons sont organisés sur l'ensemble du territoire. Les présidents et les animateurs de photo-clubs doivent déployer tous leurs efforts pour que la participation à ces manifestations soit la plus large possible. Cependant, il convient de n'envoyer à un salon ou une exposition que des photos ne présentant pas de défaut important. Pour rendre plus facile aux amateurs et animateurs l'estimation de ces critères de qualité, il est donné ci-après une liste des principaux défauts relevés sur les envois faits aux différents salons.

8.2.2 - Quelques conseils.

A l'occasion de certains salons, il a été établi un document, tenant compte des avis du jury, et ayant pour but de donner à chaque auteur et à chaque club des indications sur les motifs expliquant, au moins en partie, la faible note de certaines des photographies envoyées. On donne ci-après un extrait de ce document, se présentant comme une liste des principaux défauts à éviter.

Il est à souhaiter que chaque auteur apprenne à juger lui-même ses propres photographies et les examine d'un oeil particulièrement sévère, que celles-ci soient destinées à rester dans son album personnel, à être accrochées aux murs de son appartement, ou envoyées à un salon ou un concours.

Rappelons qu'une méthode simple pour l'appréciation globale d'une photographie consiste à l'examiner sous trois aspects :

1. Le choix du sujet ;
2. la technique (mise au point, exposition...) ;
3. les modes d'expression (cadrage, composition, choix du moment...).

Liste des principaux défauts relevés :

Nota : Le mot objets est utilisé dans un sens très général : objets inanimés, mais aussi êtres humains, animaux, végétaux, taches lumineuses...

1. Aspect d'ensemble de la photographie.
   1. Photo trop vide ; présence de grandes surfaces neutres ou délavées n'apportant rien au sujet.
   2. Sujet imprécis ; on ne discerne pas ce que l'auteur a voulu photographier.
   3. Présence de plusieurs sujets sur la même photo.
   4. Ensemble confus ; on ne distingue pas clairement un sujet ; ou bien, présence de nombreux objets étrangers au sujet.
   5. Présence d'objets déplaisants trop apparents ; fils électriques, détritus, etc.

   Nota : L'auteur doit choisir un sujet ; les objets accessoires doivent le rester et s'effacer derrière ce sujet ; éviter les objets attirant l'oeil au détriment du sujet. Tout objet ou espace inutile est nuisible.

2. Nature du sujet.
   1. Sujet sans intérêt particulier.
   2. Attrait insuffisant, malgré certaines qualités graphiques.
   3. Personnes ou animaux n'ayant d'intérêt que pour leur milieu familial ou amical (c'est le défaut le plus fréquemment rencontré dans les salons).
   4. Le sujet présente un caractère attrayant, mais il fait partie de ceux déjà beaucoup photographiés :
      • Paysages du type carte postale ;
      • Scène exotique du type publicité touristique ;
      • Gros plans de fleurs ou d'insectes, sauf s'il s'agit d'un vrai gros plan ;
      • Scène de sport ou analogue du type photo de presse.

   Nota : D'une manière générale, l'auteur doit se demander si le sujet qu'il veut traiter est susceptible d'intéresser d'autres personnes que lui-même ou ses proches. Pour être remarquée, la photo doit éviter la banalité, contenir quelque chose hors du commun que l'auteur obtient par sa façon personnelle de voir et d'exprimer sa vision. Même sur des sujets classiques, de nombreux amateurs produisent des photographies remarquables, car elles ont l'originalité conférée par un point de vue, un cadrage, une composition, un moment particulièrement bien choisis.

3. Composition.
   1. Manque de clarté : les éléments se brouillent mutuellement
   2. Déséquilibre : les surfaces sont mal réparties ; des lignes ou surfaces se contrarient ; des lignes ou alignements conduisent le regard du spectateur hors de la photo.
   3. Sujet placé trop près d'un bord de la photo.
   4. Ligne d'horizon oblique.
   5. Symétrie excessive : répartition en surfaces équivalentes ; ou bien, centre d'intérêt placé sur un axe de symétrie de la photo.

   Nota : C'est au moment de la prise de vue que la composition doit être pensée, car une erreur en cette matière ne pourra pas, la plupart du temps, être corrigée lors du tirage, sauf, quelquefois, en procédant à un recadrage sévère, ce qui n'est pas si simple pour une diapositive.

4. Point de vue et cadrage.
   1. Cadrage beaucoup trop large : le sujet n'occupe qu'une faible partie de la surface de la photo ; il en résulte la présence d'un grand espace neutre inutile, ou d'objets hors du sujet et attirant le regard.
   2. Cadrage un peu trop large : premiers plans trop importants ou bien espace excessif entre le sujet et les bords de la photo.
   3. Cadrage trop serré : une partie utile du sujet a été exclue.

   Nota : Pour le photographe qui travaille uniquement sur diapositives, comme cela a été souligné plus haut, le meilleur cadrage doit être recherché lors de la prise de vue, bien qu'il soit à la rigueur possible de masquer une faible partie des bords des clichés. Lors des tirages sur papier, l'auteur conserve une plus large faculté d'améliorer le cadrage, voire de le modifier complètement, mais, même dans ce cas, il est souhaitable d'essayer d'obtenir dès la prise de vue un bon cadrage, en recherchant le meilleur point de vue et l'objectif de focale la mieux appropriée.

5. Netteté de la photographie. (notions de piqué et de flou)
   1. Flou général non justifié par des motifs esthétiques.
   2. Flou excessif du premier plan.
   3. Plusieurs parties utiles de la photo sont floues.
   4. Flou de filé excessif : sujet et fond sont tous deux flous.
       
6. Respect du thème imposé (lorsque le salon comporte un thème imposé).
   • Il y a controverse sur le point de savoir si la photo traite bien le thème.

   Nota : Il ne faut présenter dans une série thème que des photos qui traitent manifestement celui-ci ; une hésitation sur ce point est de nature à diminuer la notation, et parfois à entraîner l'élimination de la photo.

   A titre d'exemple, pour le thème le portrait, on peut relever les cas suivants :

   • Surface occupée par le visage trop faible par rapport à l'ensemble de la photo ;
   • Présence sur la photo de deux visages d'importance équivalentes ;
   • La photo n'est pas la prise de vue d'un être vivant, mais celle d'une statue ou d'un masque.
      
7. Technique du tirage.
   1. Ensemble médiocre : gamme de valeurs insuffisante ; contraste trop faible ; taches et défauts non corrigés ; pas de vrai noir sur une photo Noir-et-Blanc.
   2. Présence de zones où les détails utiles n'apparaissent pas : zones blanc papier ou noir bouché.
   3. Pour le Noir-et-Blanc : virages ou colorations faisant perdre à la photo une partie de sa force.
   4. Pour la couleur : dominante en discordance avec le sujet et désagréable.
   5. Transpositions de couleurs non en accord avec le sujet.

   Nota : Le plus souvent les virages ou colorations ont une apparence trop artificielle et n'améliorent pas une photo ; de plus, la vogue de ces procédés paraît maintenant passée. Pour les transpositions de couleurs, il faut être prudent et se limiter aux opérations propres à augmenter l'expressivité de la photo dans le cadre du sujet traité. Ne parlons pas des procédés informatiques où l'auteur se contente de cliquer sur un effet déterminé pour voir ce que cela va donner.

8. Présentation matérielle.
   1. Photo non collée sur carton ; ou bien, photo mal collée ; ou bien, carton-support trop faible, ou trop épais, et d'une façon générale, non conforme au règlement du salon.
   2. Défauts marginaux non corrigés ni massicotés.
   3. Utilisation d'un carton-support non en accord avec la photo.

   Nota : Il est toujours aléatoire de rechercher l'originalité en matière de carton-support ou de cadre : la photo devrait être présentée, sans artifice de ce genre, sur un carton blanc mat. En effet, un carton blanc peut convenir à toute photographie ; cependant un carton noir mat, ou un carton gris neutre, unis sont aussi admissibles. La plupart des photos ne gagnent pas à être présentées au plein format 30 x 40 cm : la présence d'une marge est toujours préférable. Les photos de teintes claires sont souvent heureusement soulignées, sur carton blanc, par un filet noir tracé sur le carton-support le long de leurs bords. La tendance actuelle, du plus bel effet, est une photo du format 20 x 30 cm mise sous une Marie-Louise noir mat.