Photo-Ciné-Club Offranvillais

La photographie

Introduction
Une approche de la photo
Le matériel
La prise de vue
Quelques thèmes de photo
La mise en forme
  - Le cadrage
  - La composition
Le laboratoire
La vision et la photographie
La photo en commun
Les techniques particulières
L'invention de la photographie
Conclusion
5ème partie
La mise en forme

La chose la plus importante, et sans doute la plus difficile, qui incombe à un photographe n'est ni d'apprendre à utiliser son appareil, ni à développer, ni à tirer les épreuves. C'est d'apprendre à voir avec un oeil photographique, c'est-à-dire qu'il doit s'entraîner à regarder son sujet pour traduire instantanément, dans la photographie qu'il veut réaliser, les éléments et les valeurs existant dans la scène qu'il a choisie.
Edward WESTON 

 

5.1 - Le cadrage.

5.1.1 - Généralités.

Faire une photographie correcte (nette et bien exposée) est devenu facile, avec un appareil moderne, tout au moins lorsqu'on ne s'éloigne pas trop des conditions moyennes de prise de vue (lumière suffisante, etc...). Mais réaliser une bonne photo n'est pas aussi facile !!! Par bonne photo, nous n'entendons pas obligatoirement un cliché susceptible de retenir l'attention d'un jury de concours. Nous pensions simplement, à une épreuve que l'auteur estimera lui-même bonne, qu'il aimera regarder et montrer. Dans cette recherche de la bonne photo, viennent, en tout premier lieu, la détermination du point de vue et du cadrage.

En photographie, le choix du sujet compte, sans doute, mais c'est surtout la manière dont le sujet est photographié qui fait la bonne photo. C'est là qu'interviennent l'art et la personnalité du photographe.


5.1.2 - Définition.

D'après le Larousse, cadrage : mise en place du sujet dans les limites formées par le cadre du viseur ou le verre dépoli d'un appareil photographique ou cinématographique.

Voilà, tout est dit, c'est aussi simple que cela. En fait, de cette définition, il convient d'extraire les cinq premiers mots "mise en place du sujet" car il s'agit de l'essentiel. Cette mise en place du sujet n'est pas simplement le fait du sujet lui-même, car celui-ci sera animé ou inanimé, mais également et surtout, de la personne qui est derrière l'objectif. Il faut tout d'abord faire un choix, déterminer ce que l'on va photographier. Cela pourra être un paysage, un monument, un portrait, un groupe, une nature morte. Le choix étant fait, il faudra faire un tri afin de mettre en valeur le sujet. Afin que le cadrage soit bon, il faut tenir compte d'un certain nombre d'éléments très variés dont la réunion permettra peut-être d'obtenir un prix au prochain salon, ou tout simplement avoir la satisfaction personnelle d'une photo réussie.


5.1.3 - Point de vue.

C'est le point que le photographe choisit pour placer son appareil au moment de la prise de vue. Les facteurs de ce choix sont multiples :

  1. Il faut d'abord choisir le point de vue à partir duquel le sujet sera saisi afin de déterminer la perspective des sujets à trois dimensions :
     
    • un point de vue bas, soit une photo avec point de fuite haut, va resserrer les plans, les fera se chevaucher et soulignera la hauteur des objets du premier plan ;
       
    • un point de vue haut, c'est-à-dire avec un point de fuite bas sur la photo, va détacher les plans du sujet et semblera les éloigner les uns des autres.
       
  2. D'après la direction de la lumière. En lumière naturelle, les diverses photos d'un même sujet prises au même moment peuvent être totalement différentes selon le point de vue choisi, dans la mesure où on peut plus ou moins tourner autour du sujet.
     
    • Eclairage plat et terne lorsque le soleil est dans le dos du photographe ;
       
    • Eclairage vivant et plein de relief du soleil latéral ;
       
    • Eclairage plein de caractère et parfois dramatique du soleil de face (à contre-jour).
       
  3. Pour éliminer un parasite. Est appelé parasite tout détail qui, dans un cliché, se présente comme un accessoire étranger au sujet et attirant malencontreusement l'attention du spectateur : fils électriques, papiers gras, personnages nuisibles au sujet... Il suffit, assez souvent, de changer légèrement le point de vue (de quelques mètres ou même de quelques dizaines de centimètres) pour ne plus voir un parasite, soit que celui-ci sorte alors du champ, soit qu'il soit alors caché par une partie du sujet.
     
  4. Pour choisir le fond. Le fond a souvent une importance extrême dans un cliché, bien qu'il ne paraisse a priori que secondaire par rapport au sujet. En se déplaçant autour du sujet, on peut choisir le point de vue d'où le fond paraîtra mieux approprié : soit le plus neutre, soit le plus agréable, soit susceptible de mettre le mieux en valeur le sujet.


5.1.4 - Autre approche du cadrage.

Le cadrage, c'est l'opération qui consiste à placer le sujet à l'intérieur du format de l'image.

a) La zone neutre :

Tout d'abord rappelons que, de toute manière, il convient de ne jamais placer le sujet trop près des bords de l'image. Il faut laisser le long de ces bords une zone neutre, une zone vide de tout détail important et ne constituant qu'une marge prolongeant seulement l'atmosphère du sujet (environ 1/10 des dimensions, en largeur et en hauteur).

b) Largeur ou hauteur :

Un choix à faire. D'une façon générale, et pour des raisons mystérieuses, une image paraît mieux équilibrée, plus stable si elle est placée en largeur. Mais cela, en fait, dépend des dimensions et des proportions du sujet lui-même et de l'oeil du photographe.

c) Les plans :

On a diverses possibilités pour découper, dans l'espace qu'on a devant soi, la surface qu'on veut inclure dans l'image. Pour effectuer ces variations de découpage, on peut soit s'approcher ou s'éloigner du sujet, soit changer la distance focale de l'objectif.

  • Le plan d'ensemble : il présente le sujet avec l'ensemble de son cadre.
  • Le plan moyen : il rapproche le sujet, mais laisse autour de celui-ci une partie de son environnement.
  • Le plan rapproché montre seulement le sujet, qui remplit toute l'image.
  • Le gros plan découpe dans le sujet une partie essentielle et caractéristique de celui-ci.

Mais en réalité, il arrive assez souvent que ces variations de cadrage modifient tellement l'image que c'est comme si on changeait de sujet : un gros plan du feuillage d'un arbre devient une photo totalement différente de celle représentant le même arbre dans un parc !


5.1.5 - Choix des éléments de prise de vues.

  1. En fonction du sujet, dans un premier temps, il convient de choisir si le format doit être placé en hauteur ou en largeur (sauf pour le 6 x 6 bien entendu, de moins en moins usité). Ensuite, toujours en fonction du sujet, plusieurs cadrages (au sens strict) sont possibles ; il est possible ici de repréciser la notion de plan définie plus haut :
    • le plan d'ensemble : vue générale
    • le plan moyen : vue plus rapprochée
    • le plan rapproché : par exemple, portrait en buste
    • le gros plan : par exemple, visage.
    Ce choix des plans peut être effectué, soit par déplacement physique du photographe, soit par l'utilisation d'objectifs de focales plus ou moins longues si l'on ne peut faire autrement.
     
  2. Ces premières approches étant faites, il faut concentrer tout l'intérêt sur le motif à photographier en le mettant en valeur par ses dimensions (par exemple un objet de dimension connue en premier plan), en le détachant par sa netteté (mise au point avec utilisation de la profondeur de champ, par exemple sujet net sur fond flou), également en utilisant au mieux la lumière disponible (soleil à 45°).

    Eviter tout effet de symétrie, ce qui arrive lorsqu'on place par exemple le sujet au milieu du cadre ou qu'on centre la ligne d'horizon. Ce type de photographie est presque toujours mauvais, sauf effet spécial bien particulier recherché. Il faut donc essayer de décentrer quelque peu le sujet principal et caler la ligne d'horizon en fonction de l'effet souhaité. Cette ligne d'horizon est d'ailleurs une ligne essentielle puisque, outre sa fonction de séparation terre-ciel qui s'élève ou s'abaisse suivant le point de vue haut ou bas, elle évoque l'infini, car toutes les lignes horizontales y convergent. Rappelons qu'il est très intéressant de mettre la ligne d'horizon au tiers inférieur (1) ou supérieur (2) d'une photo et, de même, de placer le sujet à photographier sur une verticale située au tiers (3 ou 4) de la photo (voir exemple ci-après).

  3. Lignes, rythme : à signaler également que les autres lignes, droites, courbes, brisées, verticales, horizontales ou obliques jouent toujours un rôle très important pour l'effet qu'elles induisent. Ce point sera précisé plus loin mais il est possible d'indiquer dès à présent qu'une répétition de lignes horizontales suggère le calme, les verticales expriment un sentiment d'exaltation, de force, de gravité ; les obliques ou les courbes, ce sera le mouvement, la grâce, la gaieté. Pour résumer ce point, disons que les lignes dominantes créent en fait le rythme de l'image, surtout si elles se répètent.


5.1.5 - Organisation des éléments.

Le cadrage, c'est aussi un peu plus que ce qui vient d'être évoqué, car il faut que l'image forme un tout harmonieux de différentes parties. L'harmonie recherchée est bien entendu différente selon le sujet choisi. Néanmoins, dans tous les cas, il y a un sujet principal et des éléments secondaires. Il faut donc faire sa cuisine personnelle entre sujet principal et éléments secondaires afin de rendre l'effet ou l'impression ressentis. La photographie a pour but, certes, de montrer quelque chose mais aussi d'exprimer ce que l'on a ressenti face à ce quelque chose. Dans ce cas, le cadrage consiste à organiser les différents éléments de la photo afin de transmettre l'idée que l'on veut exprimer. Il faut donc organiser des éléments visuels permettant à un observateur d'appréhender plus facilement le sens que le photographe a voulu communiquer.

A) Quels sont ces éléments visuels ?

Il s'agit essentiellement de la forme, de la texture, du volume et de la couleur. En analysant une image, le photographe effectue trois opérations différentes :

  1. Il examine ses sensations, ses idées concernant le sujet, c'est-à-dire, la signification qu'il y trouve personnellement. La signification attribuée à une scène dépend des souvenirs, des aspirations, des goûts du photographe. Cette signification forme le message.
     
  2. Il étudie ensuite les différents éléments visuels de la scène cherchant ceux qui traduisent le mieux les impressions qu'il ressent. Cette exploration est guidée par les caractéristiques visuelles du sujet :
    • la forme : c'est la composante la plus simple, mettant en jeu les dimensions et les contours de l'objet.
    • la texture : c'est le contenu de cette forme et les détails de structure qui la composent. Elle est généralement exploitée par le choix de la caractéristique du film ou la technique de l'éclairage.
    • le volume : c'est la manière dont l'objet remplit l'espace, avec ses composantes, ombre et perspective.
    • la couleur : c'est l'impression que fait sur l'oeil la lumière réfléchie par l'objet. En noir et blanc, difficulté de la transposition de la couleur.

    Exemple : photographie d'un oeuf :
    • la forme : (ovale)
    • la texture : (mise en évidence des aspérités de la coquille)
    • le volume (le bombé de l'oeuf)
    • la couleur : (variable suivant l'éclairage).
       
  3. Il envisage les différents moyens de disposer les éléments visuels retenus sur l'image de telle sorte que le sens en devienne parfaitement clair. C'est la communication du message. Le photographe doit supprimer, souligner ou modifier autrement dit, ordonner tous ces éléments suivant son impression personnelle de l'objet qu'il regarde. La sélection d'un élément visuel dépend de l'examen préalable de tous les autres :

    Exemple : pour l'oeuf, savoir si on veut mettre en évidence la forme, la texture, le volume ou la couleur.

    La meilleure combinaison est celle qui exprime sa version personnelle d'un sujet avec le minimum de moyens.

B) Principes d'organisation de ces éléments visuels.

C'est la combinaison des éléments visuels selon ces règles qui permettent de capter l'attention de l'observateur et l'orientation vers la signification proposée par le photographe.

On retiendra essentiellement :

  1. Le trait dominant : c'est la mise en valeur d'une caractéristique du sujet.
     
  2. L'équilibre : les formes et les dimensions des objets doivent s'harmoniser entre elles. Cette harmonie dépend du poids relatif que l'observateur assigne à chaque élément pictural mais aussi de leur place dans l'ensemble.
     
  3. La proportion : lorsqu'une ligne est divisée en deux, le rapport entre les longueurs obtenues s'appelle une proportion. Exemple : proportion entre le ciel et le paysage selon l'importance donnée à ces éléments.
     
  4. Le rythme : il se crée chaque fois que des éléments similaires se répètent à des intervalles réguliers ou quasi réguliers. C'est la sensation d'ordre et d'unité. Exemple : avenue bordée d'arbres identiques.
     
  5. La perspective : elle diminue (ou augmente) la dimension apparente des objets en fonction de la distance et fait converger vers un point de l'horizon des lignes en réalité parallèles. Elle suggère la notion d'espace.
 

5.2 - La composition.

5.2.1 - Qu'est-ce que composer ?

C'est essentiellement :

  • Choisir le sujet que l'on veut fixer sur le film.
  • Ordonner la photographie, c'est-à-dire rechercher, pour les composantes de l'image, un certain ordre.
  • Accentuer certains éléments du cliché pour lui donner le caractère recherché.


5.2.2 - Comment obtenir une certaine composition ?

S'il s'agit d'un portrait ou d'une nature morte, l'emplacement du sujet et son éclairage peuvent être choisis à volonté. Mais, dans le cas général, on ne peut modifier le sujet et l'on doit se borner à voir. Dans ce cas, la composition sera obtenue en choisissant :

  1. Le cadrage : étendue de la surface retenue et emplacement du sujet dans cette surface.
  2. Le point de vue : notamment par rapport au fond et à la direction de la lumière.


5.2.3 - Quelles règles appliquer ?

Les photographes ont retenu de leur expérience quelques règles de composition, qui sont en fait les mêmes que celles appliquées par les peintres depuis des siècles. Il va de soi qu'on peut faire d'excellentes photos en transgressant, consciemment ou non, ces règles, mais c'est l'exception. L'analyse de la plupart des photos qui plaisent au regard montre qu'elles respectent ces règles.


5.2.4 - L'unité.

La photographie doit montrer un (un seul) sujet, tout au moins il ne doit y avoir, d'évidence, qu'un sujet principal.

 On considère en général comme :
 Mauvais  Un cliché donnant la même importance à deux ou plusieurs sujets ; la photo est confuse..
Un cliché cadrant trop large, avec des avant-plans et des marges inutiles ; le sujet est trop perdu.
 Bon  Un cliché montrant manifestement un seul sujet, sans point d'attraction secondaire trop marqué, ni parasite.


5.2.5 - Le partage des masses.

Dans une photographie, les masses sont les grandes parties formant chacune un tout homogène. Dans une photographie suffisamment ordonnée et dépouillée, il y a en général, au plus, deux grandes masses.

Les masses peuvent se répartir :

  • soit dans le sens horizontal (exemple : la terre, le ciel)
  • soit dans le sens vertical (exemple : une falaise, la mer)
  • soit en oblique (exemple : des maisons, une route).

Il y a fréquemment à la fois partage horizontal et vertical : par exemple, à la fois la terre, le ciel, une forêt, une plaine.

 On considère en général comme :
 Mauvais  Un partage égal : photo partagée en deux parties égales.
Une dissymétrie excessive, une des masses dominant trop : proportion dépassant 4 pour 1.
 Bon  Un partage selon une division harmonique : proportion 3 pour 2 ou voisine, 6 pour 4, 8 pour 5 (voir la notion du nombre d'or).


5.2.6 - La place des points d'attraction.

Un point d'attraction est un point qui, sur la photo, attire tout d'abord le regard et en constitue en général le centre d'intérêt.

 On considère en général comme :
 Mauvais  Un point d'attraction situé dans l'enveloppe de la photo c'est-à-dire dans la zone marginale (le long des bords de la photo à moins de 1/10 des dimensions totales).
 Bon  Un point situé hors de ces deux régions, c'est-à-dire dans la zone d'équilibre (bande dont les limites sont un partage harmonique de la surface du cliché).


5.2.7 - La ligne de fuite.

C'est la ligne selon laquelle se dirige le mouvement du sujet de la photo, qu'il s'agisse d'un mouvement matériel (déplacement) ou d'un mouvement psychologique (direction du regard). La ligne de fuite part du sujet et suit ce mouvement.

 On considère en général comme :
 Mauvais  Une ligne de fuite se dirigeant vers les bords de la photo.
 Bon  Une ligne de fuite se dirigeant vers le centre de la photo.


5.2.8 - Le format.

Quand on regarde une photo, l'oeil parcourt d'abord la surface en la balayant de gauche à droite, ensuite il parcourt les diagonales de l'image. L'oeil se fixe d'abord au coin supérieur gauche, il faut ensuite qu'il suive le tracé lumineux de la photo.

On peut, par effet d'optique, faire pénétrer l'oeil par le bas. On peut aussi donner plus d'intensité à une photo en empêchant l'oeil de s'échapper (par exemple, ruelle étroite aux murs sombres).

Les principaux types de format :

  • Carré : assez difficile, concerne peu de sujets, monotone.
  • Rectangulaire : comporte des lignes fortes.
  • Horizontal : impression de repos, de profondeur, de froideur.
  • Vertical : impression d'action, de proximité, de chaleur.


5.2.9 - Le point.

Le point fort de la photo est le centre d'intérêt : s'il a une position trop centrale, il jouera le rôle d'un pivot autour duquel l'image aura tendance à tourner. S'il est situé trop près d'un bord, il risque de rompre l'équilibre ; sa surface est définie par rapport à la surface de base et à celle des autres formes.

Le point peut avoir une forme géométrique ou une forme libre, mais se méfier des points de déséquilibre qui distraient l'oeil du sujet principal ; si possible, les éliminer. Sur une photo peuvent coexister 2 points, par exemple : 2 visages, 2 fenêtres.


5.2.10 - La ligne.

Un ensemble de points forme une ligne que l'oeil suit. Différentes formes de lignes : les lignes obliques, de même que la diagonale, apportent un élément de désordre ; elles ont besoin des lignes horizontales et verticales pour que se rétablisse un certain équilibre.

Ligne horizontale : évoque l'horizon ; plusieurs horizontales donnent un impression d'éloignement en perspective. L'horizontale est une ligne froide, calme et plate ; des horizontales dans une photo verticale la font apparaître plus large.

Ligne verticale : elle exprime la hauteur et la chaleur ; elle n'a pas la propriété d'approfondir l'espace, mais arrête l'oeil.

Diagonale : elle est animée d'un mouvement prononcé ; afin que ce mouvement n'entraîne pas l'oeil trop rapidement hors de l'image, la diagonale réclame un frein vertical ou horizontal. La diagonale ascendante semble la plus harmonieuse, comme ayant le moins besoin d'un contrepoids horizontal ou vertical ; la force de la diagonale est plus grande lorsqu'elle va d'un angle à l'autre. Pour une diagonale descendante, il faut absolument un frein vertical ou horizontal, sinon l'oeil quitte la photo.

Certaines lignes enfin sont courbes ; à signaler qu'elles découpent la photo en plusieurs surfaces. Ce sont les lignes au tracé libre qui possèdent la plus grande force d'expression ; le caractère d'une ligne est mieux mis en valeur lorsque cette ligne forme avec une autre, un contraste prononcé.


5.2.11 - La surface.

Les lignes délimitent des surfaces ; une surface est parfaite lorsque la ligne qui la délimite revient à son point de départ (l'oeil peut compléter une ligne pour former une surface). Une surface optique ne doit pas être trop petite, sinon cela crée une instabilité ; l'idéal est d'avoir une grande surface optique contrastant avec d'autres surfaces plus petites.

Le triangle : en position normale du triangle, on a un mouvement ascendant ; les triangles délimitent d'autres triangles. Le triangle donne une impression de calme et d'équilibre si aucun des côtés n'est parallèle à l'un des côtés de la photo. Cette position permet d'éviter qu'un angle prenne plus d'importance que les autres – exception faite si on veut privilégier un angle.

Le cercle : il symbolise l'infini, la perfection, l'harmonie. Il possède des points privilégiés (diamètres perpendiculaires).

Le carré : bien que mal adapté au format des photos, il sert de contrepoint d'équilibre.

Le rectangle : c'est la forme géométrique la plus employée.

Les contrastes de surfaces donnent de la vigueur ; chaque surface a son caractère (triangle=activité, cercle=repos, carré=pesanteur). L'effet que produit une surface est déterminé également par sa structure, c'est-à-dire sa texture.


5.2.12 - Les contrastes.

A) L'équilibre.

L'équilibre d'une photo est la rencontre de points et de lignes ; un point situé au pied d'une verticale augmente sa stabilité, s'il est situé à l'extrémité supérieure, l'équilibre peut être rompu. Selon son importance, le point peut déplacer la ligne de son axe. Dans une photo, les différents éléments optiques (point, ligne, surface) coexistent et doivent se mettre en valeur réciproquement.

La section d'or : sur une droite, elle détermine un point tel que le rapport entre la petite section et la grande est égal au rapport entre la grande section et la ligne entière.
a b  
                ( b / a ) = ( c / b )
 c   
Ce rapport est habituellement appelé nombre d'or ; sa valeur, ainsi que le montre l'exemple, est de 5/3 ou 8/5 environ (plus précisément, pour les puristes, il vaut 1,618033 et possède de nombreuses particularités mathématiques).

Entre les différentes surfaces optiques, il existe également un nombre d'or : il n'est pas nécessaire de faire des calculs précis, il suffit de travailler avec des rapports numériques = 2/3, 3/5, 5/8, 8/13. Ces rapports permettent, par exemple, une composition formée de 2 groupes de personnages : 3 d'un côté, 5 de l'autre. Ces éléments doivent devenir instinctifs.

B) Le contraste.

On peut, au contraire, créer des contrastes quantitatifs, mais il ne faut cependant pas que le contraste soit trop grand et que l'élément le plus petit devienne un point de déséquilibre.

L'horizon : il doit à chaque fois correspondre au sujet et à ce que le photographe a voulu exprimer ; on peut aussi le supprimer. Horizon bas : équilibre, ampleur. Horizon haut : pesanteur.

On peut utiliser, pour la composition, les effets de flou en premier plan ou dans les lointains (utilisation de la profondeur de champ), ce que l'on obtient en fonction de l'objectif :

  • Objectif grand angle : grande précision sur toute la surface mise en valeur du premier plan, déformation des lignes verticales.
  • Téléobjectif : degré de netteté faible ; accent sur un détail ; introduit un certain ordre.

*
*   *

Les deux points concernant le cadrage et la composition paraîtront trop abstraits et complexes à certains, trop simples à d'autres. Dans l'un et l'autre des cas, dites-vous bien qu'une photo mal cadrée et mal composée ne peut pas être une bonne photo, mais cela s'apprend progressivement et à doses homéopathiques.


5.2.13 - La qualité esthétique.

Dernier aspect du sujet, le plus ardu aussi. Si les photographes arrivent à se mettre d'accord pour savoir ce qu'est une belle photo, il est beaucoup plus difficile d'affirmer qu'elle est bonne. Il n'y a plus de règles, ce n'est qu'une question de goût, c'est-à-dire autant d'avis que de photographes.

Que doit être la bonne photo ? Beaucoup de choses et entre autres :

  • le photographe doit faire une photo et non se contenter de la prendre.
     
  • une photo est faite pour montrer, pour dire quelque chose, pour faire travailler l'imagination du spectateur, l'amener à se poser des questions et l'obliger à être attiré.
     
  • pour cela la photo doit être lisible, c'est-à-dire bien souvent simple, et faite de telle façon que l'oeil reste rivé sur le sujet.

Que c'est compliqué tout ça, alors quoi photographier ? Une réponse très simple : "Photographiez n'importe quel sujet, mais montrez-le comme personne ne l'a encore montré". En effet, le sujet peut être simple, banal, mais si on l'a photographié, c'est qu'il nous intéresse. C'est donc au photographe à faire preuve d'originalité, à être créatif. Le bloc de glaise ne devient poterie que par les mains du potier travaillant sur son tour. Le photographe utilise un outil appelé appareil photo, mais c'est l'oeil qui fait d'un sujet, quel qu'il soit, une oeuvre artistique.

P.S. : Ne déchirez surtout pas les photos que d'autres considèrent comme ratées. Elles ont pour vous une valeur de souvenir ou sentimentale et, à ce titre, elles méritent le respect.


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