Introduction
Une approche de la photo
Le matériel
La prise de vue
Quelques thèmes de photo
- La photographie de paysages
- La chasse photographique
- La photographie en randonnée
- La photographie aérienne
- Le portrait
- La nature morte
- La photo macro
La mise en forme
Le laboratoire
La vision et la photographie
La photo en commun
Les techniques particulières
L'invention de la photographie
Conclusion
4ème partie Quelques thèmes
de photographieLa facilité remarquable avec laquelle nous pouvons produire une image banale conduit souvent à une carence désastreuse dans le domaine de la création. Rappelons-nous qu'une photographie traduit tout ce que nous savons y mettre, et que personne n'a jamais atteint les possibilités maximales de cet art.
Ansel ADAMS4.1 - La photographie de paysage.
4.1.1 - Généralités.
Le paysage est un morceau de terre et de ciel : des champs et des arbres, des collines ou des montagnes, des routes, des lacs, des rivières, et aussi des maisons, des églises, des villages, les grands espaces des villes. Et l'aspect de tout cela varie selon les heures, les saisons et les changements atmosphériques.
4.1.2 - Des sujets nombreux et apparemment faciles.La moindre promenade, le plus court voyage offrent une profusion de paysages. En général, la lumière ne manque pas et il n'y a aucune difficulté à faire des photos techniquement bonnes.
4.1.3 - Des résultats souvent médiocres.Voici donc un paysage qui nous plaît, qui crée en nous une certaine émotion ; nous visons, nous déclenchons et, lorsque nous voyons le résultat, c'est souvent une grande déception :
- ou bien la photo nous paraît plate et terne (si nous sommes suffisamment critique à notre égard) ;
- ou bien nous avons réussi une photo agréable, mais ayant un aspect de déjà vu, et il aurait été peut-être aussi bien et plus économique d'acheter, comme souvenir, une des bonnes cartes postales qui ne manquent pas.
4.1.4 - Des impératifs.
- Essayer de restituer l'impression de profondeur, d'espace, de relief que nous donne le paysage lors de sa contemplation directe ;
- Rechercher un point de vue, un cadrage ou une composition marquant une certaine originalité, différente de la carte postale habituelle ;
- Pour cela, réfléchir un peu, prendre le temps nécessaire avant de déclencher.
4.1.5 - L'appareil.La plupart des appareils usuels conviennent au paysage :
- ceux du format 4,5 x 6 ou du format 6 x 6 ;
- les réflex multi-objectifs du format 24 x 36 ;
- les appareils simples, dits compacts, du format 24 x 36 ;
- mais il vaut mieux ne pas utiliser ceux de format plus petit : APS ou pire 18 x 24, dont les dimensions trop faibles ne peuvent que décevoir.
4.1.6 - Les objectifs.Nous ne traiterons ici que des appareils du format 24 x 36. La meilleure restitution de la perspective (telle que nous la voyons directement) étant donnée par un objectif d'environ 40 à 45 mm de distance focale, la gamme des objectifs les mieux appropriés est donc celle des 35 à 55 mm , dits normaux.
On peut cependant utiliser un grand angulaire (28 ou 24 mm) si l'on veut mettre en valeur les premiers plans, mais alors les arrière-plans seront fortement éloignés.
Il est également intéressant d'utiliser un objectif de moyenne focale (105 ou même 180 mm) qui permet de découper des tranches de paysage d'une manière plus percutante et mieux serrée, en largueur comme en profondeur.
4.1.7 - Les films.Le paysage peut se traiter d'une manière excellente en noir et blanc comme en couleurs.
En couleurs, il vaut mieux utiliser des films inversibles plutôt que des films négatifs : il est plus facile d'apprécier les résultats pour un tirage éventuel sur papier ; d'autre part, c'est la projection de la diapositive qui permet le mieux de contempler une prise de vue de paysage.
4.1.8 - L'impression de profondeur et d'espace.Une des conditions essentielles pour réussir une photo de paysage est de restituer l'impression d'espace. Cela peut être obtenu :
- par la présence de premiers plans ;
- par les variations de netteté et de richesse de détails ;
- par les variations de teintes ;
- par les directions de la lumière.
4.1.9 - Le premier plan.Une des plus anciennes et des plus insistantes recommandations des peintres paysagistes, reprise par les photographes, est de faire figurer sur les oeuvres un premier plan.
Ce premier plan n'est pas le sujet, il n'est qu'un accessoire de celui-ci. Il doit être net, afin d'être un bon support pour le regard du spectateur ; il doit être sobre, pour ne pas trop attirer le regard au détriment du sujet.
Cependant, certains photographes s'arrangent (en utilisant la profondeur de champ de l'objectif) pour obtenir des premiers plans flous et, à leur avis, améliorer l'impression de profondeur. Il peut y avoir des réussites, mais physiologiquement, le raisonnement n'est pas juste : dans la vision directe (en perpétuelle accommodation) l'oeil a une sensation de netteté pour les premiers plans ; de plus, le flou (par nature inconsistant) n'est pas un bon appui pour le regard.
D'autres fois, le premier plan n'est pas sobre, mais important et détaillé ; mais alors, c'est lui qui devient le sujet, les autres plans n'étant plus qu'un cadre. Là encore, n'oublions pas la règle fondamentale : choisir et ne traiter qu'un seul sujet par photo.
4.1.10 - Les variations de netteté et de richesse de détails.Ces variations permettent de restituer mieux l'impression d'espace. Un objectif normal agit dans ce cas comme l'oeil et restitue bien les variations réelles, en faisant sentir la perspective. Le grand angulaire bien utilisé, en mettant en relief les premiers plans et en éloignant les autres, peut souligner l'impression de vaste espace. C'est l'objectif de longue focale qui permet le mieux de maîtriser les variations de netteté, grâce aux limites de sa profondeur de champ : on peut découper, parfois assez loin devant soi, une tranche bien nette, précédée et suivie de zones de flou, agréables si elles sont correctement dégradées.
4.1.11 - Les variations de teinte.Pour les photos en couleurs, l'impression de profondeur peut être renforcée par une restitution correcte du dégradé naturel des teintes, de plus en plus douces en allant vers les lointains. Pour le Noir-et-Blanc, le dégradé peut être obtenu en allant de zones où figurent des noirs francs vers des zones où il n'y a plus que des gris. Ici se pose un problème pour l'utilisation des filtres dont une action exagérée peut détruire la restitution naturelle des lointains.
4.1.12 - La direction de la lumière - L'heure de la prise de vue.C'est une lumière suffisamment latérale qui restitue le mieux le relief. Il faut donc, pour une photo de paysage (sauf recherche particulière sur la dureté du soleil) éviter les heures où le soleil est dans une position élevée, et choisir plutôt le premier ou le dernier tiers du temps d'ensoleillement quotidien. De même, il vaut mieux éviter les prises de vue avec soleil dans le dos, tandis que les contre-jour (face ou trois quarts) peuvent donner des effets splendides.
4.1.13 - Les ciels.La présence d'un ciel trop vide et trop plat, affreusement pâle ou même blanc, tue toute photo, quelles que soient par ailleurs ses qualités. Un premier plan (arbre...) peut parfois masquer heureusement une partie de ce ciel. La difficulté essentielle vient du fait que le ciel rayonne beaucoup plus de lumière que le sol : pour celui-ci, l'exposition exacte est de 1 à 2 diaphragmes (parfois plus) plus grande que pour le ciel. Un bon remède : le filtre dégradé, mais veiller à bien faire coïncider l'influence du filtre avec la répartition des masses lumineuses du paysage. Le filtre polarisant est également un excellent accessoire qui arrête une partie du rayonnement du ciel, sans autre effet sur le rendu général (s'il est correctement utilisé).
En Noir-et-Blanc, un filtre jaune, jaune-vert, ou orangé, assombrissant le bleu du ciel, fait mieux ressortir le paysage et les nuages ; mais tout ce qui est bleu (un édifice, un véhicule...), et même vert, est également assombri.
4.1.14 - Les personnages.Les personnages éventuels doivent être parfaitement intégrés au paysage ; ils peuvent être utilisés pour donner une certaine dimension à l'image. Mais il ne faut pas faire figurer des personnages étrangers au milieu photographié, sous peine de distraire l'attention du spectateur. Là encore, il faut choisir entre la photo de paysage et la photo-souvenir. Dans tous les cas, si l'on se croit obligé de meubler la photo avec des personnages, c'est que le paysage est insuffisant.
4.1.15 - Autres indications sur la composition.Dans un paysage, il existe fréquemment des lignes ou des alignements qui attirent le regard ; routes, cours d'eau, bords de champs, plantations... Il faut éviter que ces lignes semblent avoir un point de fuite (ou de convergence) situé hors de l'image, car, dans ce cas, le regard du spectateur serait continuellement entraîné hors de la photo. Il faut au contraire essayer d'obtenir que ces lignes dirigent le regard vers un centre d'intérêt, un point fort de la photo. Si cela paraît impossible, obtenir au moins que la ligne se dirigeant vers l'extérieur soit interrompue par un obstacle quelconque avant de sortir de l'image. Comme dans toute photographie, il doit exister un centre d'intérêt, aboutissement de l'exploration par le regard, et constituant un point de repos pour l'oeil du spectateur.
4.2 - La chasse photographique.
4.2.1 - Définition.
Nous sommes constamment à la chasse aux images, puisque nous sommes à l'affût de belles photos, pour saisir une certaine lumière, une certaine attitude, un certain moment. Mais l'expression chasse photographique désigne un domaine particulier : la photo d'animaux en liberté. On devient chasseur au sens originel du terme, en remplaçant l'arme par l'objectif (on peut aussi chasser en photo rapprochée : insectes, papillons...).
4.2.2 - Où et quand ?Certains ont déjà fait ou ont eu envie de faire de la vraie chasse, avec marches d'approche longues et sportives, affûts patients et prolongés. D'autres veulent participer à des safaris-photo, dans une réserve française ou africaine. Nombreux aussi sont ceux qui, parmi les agréments des promenades ou excursions, placent en premier lieu celui de faire de belles photos d'animaux.
4.2.3 - Connaissance du sujet.On peut se fier au hasard et partir à l'aventure, mais la chasse sera alors probablement peu fructueuse. Il est bien préférable de connaître auparavant les habitudes des animaux fréquentant la région où on se trouve, soit qu'on ait pu les observer soi-même, soit qu'on se renseigne auprès des habitants : espèces des animaux, lieux d'habitat, passages fréquentés, heures de passage. Si on participe à un safari, les guides savent tout cela.
4.2.4 - Appareils.A notre niveau d'amateurs éclairés, mais non spécialistes, l'appareil qui convient le mieux est celui du format 24 x 36 réflex. Nous ne soulèverons pas la controverse : semi-automatique, ou bien tout automatique ? Les deux types conviennent, à condition de les utiliser correctement, chacun avec leurs particularités.
4.2.5 - Grandeur de l'image.Pour qu'un animal soit suffisamment visible sur une diapositive, on peut admettre que son image, sur la diapo, doit avoir une dimension minima de 5 millimètres (c'est l'image limite). En réalité, une vision confortable, permettant de dire que l'animal est bien le sujet de la photo, ne sera obtenue que si la dimension est au moins de 10 millimètres (image bonne). Cette grandeur d'image dépend, à la fois de la taille de l'animal, de la distance de prise de vue et de la focale de l'objectif. Calculons à quelle distance maxima il faut être pour obtenir une image bonne, ou – à la rigueur – une image limite, soit d'un animal petit de 30 centimètres environ (écureuil, oiseau moyen...), soit d'un gros animal, par exemple 1m50 (cerf, lion...).
Distances de prise de vues d'animaux Focale de l'objectif Pour avoir une image bonne il faut être à une distance maxima de On n'aura qu'une image limite à la distance de Animal de 30 cm Animal de 1m50 Animal de 30 cm Animal de 1m50 50 mm 1,50 m 7,50 m 3 m 15 m 105 mm 3m 15m 6m 30m 180 mm 6m 30m 12m 60m 300 mm 9m 45m 18m 90m 400 mm 12m 60m 24m 120m A vous de situer les autres cas : moineau, biche ou éléphant. Ce tableau va nous permettre de raisonner sur le choix de l'objectif.
4.2.6 - Choix de l'objectif.Dans tous les cas, bien sûr, emportons toujours l'objectif normal de 50 mm. L'objectif de 100 mm (ou 105, ou 135...) permet d'obtenir d'intéressantes images d'animaux bien habitués aux humains (oiseaux, écureuils, marmottes, biches des parcs naturels ou cas analogues). Le 180 mm permet de serrer le cadrage dans un grand nombre de cas moyens : parcs naturels, safaris photo, où la distance de prise de vue est souvent relativement modeste, du fait de l'accoutumance des animaux à l'homme et des possibilités d'approche par véhicules.
Ce sont les objectifs de 300 mm ou 400 mm qui permettent d'aborder la vraie chasse photo des animaux en pleine liberté. Au delà de 400 mm, on devient un spécialiste. De multiples expériences ont montré que le 300 mm est un excellent compromis, permettant une bonne grandeur d'image (6 fois celle du 50 mm), sans trop augmenter les difficultés d'emploi. Cependant, ayons bien conscience des limites de nos possibilités : même avec un 400 mm, la bonne distance n'est que de 60 à 80 m pour photographier un lion ; ce n'est pas très loin...
4.2.7 - Contraintes des longues focales.Une longue focale permet ainsi, à distance égale, d'avoir une image plus grande, ou bien d'obtenir la même image à une distance plus grande, mais il en résulte :
- que l'angle de visée, plus étroit, rend la prise de vue plus sensible aux effets de balayage , créateurs de flou (l'angle de visée utile, qui est de 32° pour une focale de 50 mm , n'est que de 5,5° pour une focale de 300 mm) : l'appareil doit être tenu très fermement, de préférence avec un pied ;
- que la profondeur de champ diminue (avec un 300 mm, en mettant au point à 30 m, la zone de netteté va seulement de 28 à 33 m), d'où un autre risque de flou : on doit veiller constamment à la mise au point ;
- risques aggravés enfin par la mobilité du sujet ;
- dans tous les cas, la vitesse de prise de vues doit être semblable à la focale de l'objectif : 1/250 pour un objectif de 180 mm, 1/500 pour un télé de 400 mm ;
- enfin, attention : l'ouverture des téléobjectifs est généralement modeste (5,6 par exemple) ce qui nécessite l'emploi de pellicules très rapides. Il vaut mieux une photo avec un peu de grain mais nette qu'une photo très piquée mais floue.
4.2.8 - La prise de vue.Jusqu'à la focale de 180 mm, les contraintes demeurent dans des limites raisonnables. Il est cependant prudent de bien tenir l'appareil (comme nous le faisons pour tout cliché ! ) et d'utiliser une durée de pose courte : 1/250 de seconde convient très bien. Sauf, bien entendu, recherche d'effet spécial de filé avec une pose plus longue 1/60.
Pour un objectif de focale de 300 mm ou 400 mm, les choses deviennent plus sérieuses : on doit tenir compte des contraintes signalées ci-dessus. De plus, le poids de l'objectif devient prépondérant dans l'ensemble appareil + objectif et cela peut créer un déséquilibre dans le maniement de l'appareil au cours de la visée (et aussi des effets mécaniques néfastes au point de fixation de l'objectif sur le boîtier). Il faut tenir d'une main l'objectif lui-même, et assurer de l'autre main une deuxième prise sur le boîtier ; tout cela très fermement, et au besoin en appuyant les coudes sur quelque chose de très stable. De plus, utiliser une pose très rapide : 1/500 ou 1/1000 de sec.
4.2.9 - Les films.Comme indiqué ci-dessus, les objectifs de longue focale ont rarement une ouverture relative maximum supérieure à f.5,6. D'autre part, il faut des poses très courtes (1/500, 1/1000). Enfin, la lumière est très faible lorsque l'on est en forêt, par exemple. Conséquence : pour la chasse photo, prenons des films de sensibilité : 400 ISO minimum. On peut d'ailleurs, en cas de lumière difficile, exposer aussi le même film pour 800 ISO ou 1200 ISO ; mais n'oubliez pas que toute la bobine doit alors être exposée pour la même sensibilité et qu'il faut le noter aussitôt, à l'intention du labo, par une marque ou une étiquette placée sur la cartouche elle-même.
4.2.10 - Les ennemis.Ils sont nombreux : la poussière, le sable, les embruns, la pluie, le soleil, la chaleur (liste non limitative). D'où de nombreuses précautions :
- films conservés dans leur emballage métallique fermé ;
- filtre anti-UV, skylight sur les objectifs ;
- sacs de plastique pour protéger l'ensemble ;
- ATTENTION lors des changements de films ou d'objectif...
Et dans un véhicule dont le moteur tourne, même à l'arrêt, attention aux vibrations, ne prenez pas appui avec les bras ou l'appareil sur une partie du véhicule. Ayez aussi pour l'appareil une pile neuve, ou changée très récemment.
4.3 - La photographie en randonnée pédestre.
Ce qui suit n'est que simple proposition au regard d'une expérience ; tout avis contraire sera favorablement accueilli. Sur le sentier, se créer une motivation réelle et tenter d'oublier ses chaussures (aïe...) au profit de son regard et du déclencheur.
4.3.1 - L'équipement.Vous avez déjà votre sac à dos... Le duvet, les grosses chaussures, la gourde et le casse-croûte, alors modérez-vous... Un boîtier réflex (deux, c'est trop lourd), alors tant pis pour le Noir-et-Blanc. Un objectif de focale standard, si possible macro (on devrait dire indispensablement macro, une nouvelle manière de voir la nature). Un doubleur de focale ; c'est plus léger qu'un 100 mm, mais moins pratique car oblige à une manoeuvre supplémentaire (enlever l'optique, mettre le doubleur, remettre l'optique). Attention : 100 ou 135 mm, c'est insuffisant, si vous êtes ornithologue.
Des filtres : peu, on ne les utilise guère...
- UV : indispensable protection mécanique (poussières, branches, pluie) utile dès l'altitude de 1500 m ou au bord de mer.
- Polarisant : très tentant, mais déforme la réalité et le goût des couleurs.
- De brume : très décevant, comparé à l'atmosphère ouatée du petit matin : il faut marcher très tôt, l'été !
- Dégradé : parfois utile pour renforcer les ciels fades, mais seulement si l'horizon est horizontal, sinon on bronze la colline en même temps que le ciel. Ne pas oublier alors que, plus on diaphragme, plus le dégradé est net et artificiel ; ne pas fermer plus que f.5,6 sauf recherche d'effet. Vérifier avec le testeur de profondeur de champ.
Une bandoulière large et solide pour porter le boîtier toujours paré. Une bandoulière étroite sur quelques kilomètres, c'est indolore, mais pour une longue route, c'est sciant. Pas de sac fourre-tout, qui ballotte et gêne le sac à dos. Le boîtier toujours à l'épaule ou au cou, les accessoires dans un petit sac fixé à la ceinture, les pellicules dans une poche du sac à dos (pour les atteindre, un assistant est alors utile ! , sauf dépose à terre). Un déclencheur souple et un petit pied-étau à rotule, bien léger dans la poche, mais parfois très léger pour supporter un appareil. Bien souvent, un simple appui (tronc, parapet, pierre...) est préféré. Des piles de secours pour le boîtier. Un pinceau soufflette et du papier optique (non siliconé) : beaucoup de poussière sur les chemins pour un appareil toujours sur le ventre. Un petit sac en plastique pour protéger l'appareil de la pluie ; la cape des randonneurs convient aussi parfaitement. S'il pleut, ne rangez pas l'appareil, ce sont souvent des moments très photogéniques ! Obligatoirement un parasoleil (mais attention avec les optiques macro, dont la lentille frontale est très en retrait). Un second appareil d'appoint ; petit, du style Minox 35, ou Olympus ou tout autre compact avec zoom. Beaucoup de films, il est difficile de se réapprovisionner sur un sentier ou dans un village, et si votre optique macro rencontre fleurs et insectes, la consommation frise le gaspi. On est souvent surpris du nombre de déclenchements provoqués par une nature inattendue.
Quelle pellicule ? – Ne prendre qu'une seule sorte d'émulsion, pour préserver une unité de teintes déjà très fluctuante selon l'heure et l'angle des prises de vues. Une 100 ISO est très tentante pour sa fidélité dans le rendu des teintes délicates et pour son piqué, mais un peu juste de bon matin. Dans le compact, prévoir une pellicule couleur papier de 200 ISO.
Bagues allonge – Inutiles si vous possédez une moyenne focale macro, et pas de pied. Le rapport 1/2 des macros est déjà difficile à immobiliser à main levée, même coudes au corps, en expiration bloquée... ouf ! N'oubliez pas d'emporter des photocopies des factures du matériel, si votre sentier passe à l'étranger !
4.3.2 - Idées pratiques inattendues.
Même par temps chaud, prévoir un bon pantalon, et une chemise à manches longues. Contre le soleil ? Non contre les taons, si vous en rencontrez, ils vous piquent... Vous vous débattez... et le boîtier a toutes les chances de choir ou de prendre un mauvais coup (expérience vécue).
Attention aux barbelés, avec le boîtier qui pend à l'épaule. Certains le bloquent à la ceinture, cela semble judicieux.
Ne vous chargez pas trop, mais si vous êtes deux, alourdissez plutôt votre compagne (ou plus difficilement votre compagnon ;-). Son handicap léger permettra alors d'assouvir plus facilement vos appétits de déclenchement artistiques, en limitant votre retard. En randonnée pédestre, la seule moyenne à soutenir est celle des bonnes prises de vues.
Il vous est indispensable de ne pas randonner en troupeau. Trois personnes, partageant la même passion, cela semble être un effectif maximum.
L'été, la quasi totalité des prises de vues s'effectue le matin avant 9 ou 10 heures. La lumière est alors si belle qu'elle fait pâlir le plein soleil de midi, qui doit être dédaigné par le photographe.
Si vous dormez à la belle étoile, sous votre canadienne, ou dans un chalet non gardé (ou même gardé), mettez votre appareil à vos pieds, au fond de votre duvet. Aujourd'hui, quel que soit le milieu humain, la confiance excessive en autrui est de plus en plus décevante.
Une pellicule est finie : rembobinez la totalement, en rentrant l'amorce, en protégeant de toute lumière vive les lèvres du chargeur, vous saurez ainsi qu'elle est exposée. Astuce connue, mais précieuse, lorsque l'anarchie règne dans le sac d'un randonneur débutant.
Utile, mais souvent difficile, d'attacher le bouchon d'objectif au boîtier ; en prévoir un en secours : branches, hautes herbes, poussières, chocs, soleil, rendent cette protection indispensable.
Celles auxquelles vos sentiments vous incitent... mais, en plus : usez du gros plan ; quand vous présenterez le résultat à vos amis, n'abusez pas des grandes séries de fleurs. Pensez aussi aux premiers plans significatifs : cartes de la région, accessoires divers, chaussures encore fumantes, pieds endoloris ; les moyens de transport, l'autobus, la carriole abandonnée, une gourde renversée, des marques de sentier ; votre compagne (ou compagnon) en action : recherche du chemin sur la carte, photographie, grimpette, les panneaux indicateurs, les attitudes de repos. Ne pas oublier les vues qui expriment des sentiments : fatigue, soif, joie... mais ne pas négliger les tas d'ordures, ou tout témoignage brutal de ce genre.
4.3.3 - Et avec tout cela, quelles images ?Arrêtez-vous souvent – vous n'êtes pas sur une autoroute – et fouinez comme si vous aviez perdu quelque chose, souvent votre optique macro vous permettra de découvrir une image ! Les fleurs en soleil rasant, sur fond sombre sont tellement belles, mais pensez à bien mesurer la lumière sur la fleur, et même à sous-exposer légèrement. Il serait dommage de se limiter aux paysages et aux beaux panoramas trop cartes postales.
Quelle joie de pouvoir rapporter d'une randonnée une suite d'images – belles, si possible – qui permettent de montrer, raconter, faire revivre, vos x kilomètres à pied mais aussi votre sortie de deux jours ou de quatre heures.
4.4 - La photographie aérienne.
4.4.1 - Généralités.
La photographie aérienne est celle pratiquée depuis un point de vue aérien : avion, hélicoptère, voire d'un point terrestre très élevé et dégagé : tour, montagne... Il n'est pas question ici de traiter savamment de la photographie aérienne, mais, surtout, de dire que chacun peut être amené à en faire. En effet, avec le développement des voyages aériens, il est devenu assez fréquent de monter dans un avion, et il n'est pas particulièrement difficile d'obtenir, à ces occasions, une place près d'un hublot, ou bien, au cours du voyage, de se déplacer temporairement près d'une fenêtre libre. Il est possible, aussi, de profiter d'un baptême de l'air ou d'une sortie sur un avion d'un aéro-club pour faire quelques photos.
4.4.2 - Les contraintes.Les difficultés particulières à ce genre de prises de vues sont les suivantes :
- vitesse élevée de l'avion par rapport au sujet, qui laisse peu de temps pour cadrer ;
- vibrations de l'avion, qui peuvent être une cause de flou sur le cliché ;
- champ restreint, à cause de la petitesse des hublots et du voisinage des ailes, du moteur ;
- brume fréquente, et aussi impuretés atmosphériques souvent peu perceptibles à l'oeil, mais enregistrées par le film.
4.4.3 - Quelques conseils.L'objectif de l'appareil photo doit avoir une distance focale moyenne de 35 à 105 mm pour un appareil 24 x 36. Le 35 mm ne sera utilisable que pour des prises de vues à basse altitude et si l'on dispose d'un angle de champ assez large. La focale normale de 50 mm convient parfaitement dans la plupart des cas. Mais il peut être intéressant d'utiliser le 105 mm (ou une focale voisine, de 85 à 135) qui cerne mieux le sujet. Au delà de 150 mm, l'objectif devient encombrant et les risques de bougé augmentent sérieusement.
A cause des vibrations de l'avion, il est recommandé d'utiliser une vitesse d'obturation élevée : au moins le 1/250, et de ne jamais appuyer directement l'appareil photo sur une partie de l'avion pendant la prise de vue.
La mise au point se fera, en manuel, sur l'infini ou plutôt sur l'hyperfocale, mais attention à la profondeur de champ, si l'on désire cadrer un objet très proche (partie de l'avion).
Pour limiter les effets de la brume et des impuretés de l'atmosphère, il convient d'éviter absolument l'éclairage à contrejour et de rechercher un éclairage latéral, le soleil n'étant pas trop haut dans le ciel. Il peut être utile également de placer sur l'objectif un filtre anti-ultraviolet, n° 1A, dit Skylight. Les couleurs seront mieux rendues si l'on sous-expose de ½ diaphragme par rapport aux indications du posemètre. Comme émulsion, par beau temps, on peut utiliser couramment du 50 ISO ; par temps nuageux ou variable, il est plus prudent d'emporter du 200 ISO.
4.5 - Le portait.
Le portrait est l'image d'un être humain photographié en studio, à l'extérieur ou dans un environnement familier. Il peut s'agir d'un visage, d'une vue en pied, d'un sujet ayant pris la pose ou photographié à l'improviste ; même les photos de groupes, petits ou grands, peuvent être rangées dans la catégorie des portraits.
Un portrait peut devenir entièrement indifférent s'il n'est qu'une reproduction techniquement parfaite d'un visage humain. Il doit refléter les qualités et les traits de caractère du sujet photographié. Cela ne veut pas dire que la qualité technique soit sans importance. Le photographe doit être un bon psychologue, mais il doit pouvoir maîtriser un minimum de technique.
4.5.1 - L'éclairage en plein air.Le meilleur éclairage pour la photographie de portraits est fourni gratuitement : c'est la lumière du jour. Les conditions d'éclairage sont plus favorables tôt le matin ou au cours de l'après-midi, étant donné que les rayons solaires sont alors plus horizontaux et doivent traverser une plus grande épaisseur de l'atmosphère terrestre qui agit à la manière d'un filtre.
Lors de la prise de vues en couleur à un tel moment de la journée, il faut s'attendre à ce que les visages présentent une nuance rougeâtre plus accentuée que normalement, ce qui n'est pas toujours un inconvénient, mais il est possible de la corriger dans une certaine mesure à l'aide d'un filtre. De nombreux photographes préfèrent photographier en tenant l'appareil tourné en direction du soleil.
Le contrejour confère aux images un meilleur modelé et il suffit d'un simple écran réflecteur placé au voisinage de l'appareil pour que la partie du visage se trouvant dans l'ombre soit suffisamment éclairée. Il n'est pas toujours nécessaire d'avoir un écran réflecteur avec soi : il est souvent possible d'utiliser un mur clair, une voile, un plan d'eau, un champ de neige, une table de jardin de couleur blanche ou un journal. Il est également possible de se confectionner un écran réflecteur léger et bon marché à l'aide d'une feuille de carton blanc au dos de laquelle on colle du papier aluminium froissé. Un parasoleil est un accessoire indispensable lorsque l'on photographie à contre-jour (à titre général, le parasoleil devrait être en permanence sur l'objectif).
Par une journée ensoleillée, l'éclairage le plus doux et le plus agréable sera, naturellement, obtenu à l'ombre, par exemple sous un arbre. Le feuillage intercepte la lumière venant du haut et qui peut former des ombres disgracieuses sous les yeux. Le sujet se trouvant à l'ombre n'est éclairé que par la lumière réfléchie dont le caractère varie selon la nature des surfaces réfléchissantes qui se trouvent au voisinage. Il est possible de procéder par tâtonnement en demandant au modèle de se déplacer de quelques mètres de côté ou en modifiant l'angle de prise de vue jusqu'à ce que l'on trouve l'éclairage optimal. Une ombrelle de toile blanche et fine est un accessoire utile en photographie. Lors de la prise de vue à courte distance, le modèle peut, lui-même, tenir l'ombrelle, mais il est également possible de fixer celle-ci sur un pied avec tête à rotule... tout en espérant que le vent ne soufflera pas trop fort.
Par temps nuageux, une ombrelle ou un arbre peuvent être tout aussi utiles que par temps ensoleillé étant donné que, dans ce cas également on peut être gêné par un éclairage vertical trop intense, mais il existe également des cas où, à l'aide de l'éclairage vertical, il est possible d'obtenir de très beaux effets plastiques. L'écran réflecteur en carton blanc est presque toujours inutile lorsque le temps est nuageux mais un réflecteur argenté produit, par contre, un certain effet.
4.5.2 - Eclairage à la lumière artificielle.En studio, le photographe a de bien plus grandes possibilités de régler l'éclairage. S'il travaille toujours dans les mêmes locaux, avec le même éclairage et avec les mêmes émulsions couleur ou noir-et-blanc, il apprend vite à adapter et à varier la lumière selon son désir, en vue d'obtenir exactement le résultat recherché dans chaque cas particulier. De nombreux photographes portraitistes prennent, aujourd'hui, leurs photos dans des studios éclairés en lumière du jour, exactement comme leurs collègues d'il y a un siècle. Une pièce d'habitation n'est pas non plus à dédaigner si l'on ne dispose pas d'un studio.
L'heure, la saison, l'état du ciel contribuent à créer des conditions d'éclairage qui varient continuellement. Parfois on préfère placer le modèle au voisinage de la fenêtre et parfois plus au centre de la pièce. Un écran de projection sur pied constitue un excellent écran réflecteur et des cartons ou des écrans noirs permettent d'obtenir un effet d'ombre marqué sur un visage dans une pièce très claire. Des rideaux épais tamisent la lumière solaire intense et un miroir concave permet d'obtenir un éclairage spot. La lumière du jour n'est malheureusement pas utilisable de la même manière tout au long de l'année. Pendant les mois d'hiver, les portraits réalisés en éclairage à la lumière artificielle sont plus courants et le photographe professionnel qui ne dispose pas d'un studio à lumière du jour en est réduit à utiliser ses lampes d'ambiance, ses projecteurs.
Il a le choix entre les flashes et les lampes photoflood. Ces deux modes d'éclairage présentent des avantages mais également des inconvénients. Les flashes sont préférables dans le cas de portraits en couleur ou s'il s'agit de photographier des enfants remuants. Lors de la photographie aux flashes, il est avantageux de pouvoir adoucir la lumière en la laissant ricocher contre des écrans réflecteurs blancs.
Pour déterminer l'ouverture du diaphragme, il convient de diviser le nombre-guide de la lampe-éclair par la somme des distances comprises entre le flash et l'écran réflecteur d'une part et entre ce dernier et le modèle d'autre part. La valeur d'ouverture de diaphragme obtenue par ce calcul doit être augmentée d'un ou de plusieurs échelons étant donné qu'une partie de la lumière est perdue par réflexion.
Il est possible de photographier en lumière artificielle sans qu'il soit nécessaire d'avoir recours à un matériel d'éclairage onéreux. Pour les prises de vues en noir-et-blanc, on peut, en cas de nécessité, se tirer d'affaire à l'aide de luminaires et de lampes de chevet ordinaires ainsi que de lampes de bureau du type monté sur un bras à rotule. Dans ce cas, un film de sensibilité d'environ 400 ISO et un pied stable sont des conditions requises pour obtenir un bon résultat.
Le mode de travail le plus simple consiste à utiliser une seule lampe, placée obliquement devant le modèle, et un écran réflecteur disposé de l'autre côté du modèle. L'image ainsi obtenue sera, naturellement, assez dure mais le résultat sera souvent meilleur que celui obtenu avec une batterie de lampes qui donnent du visage une image si plate qu'il en est presque méconnaissable.
Toutefois, pour l'obtention d'une image plus nuancée, il est recommandé d'utiliser deux lampes, de préférence de même puissance, placées à des distances différentes du modèle. Pour obtenir un portrait normal, c'est-à-dire avec un visage bien dessiné tant dans les parties ombrées que dans les parties éclairées, il convient que la différence mesurée entre les parties sombres et les parties claires ne soit pas supérieure à 1 ou 2 indices de lumination. Si cette différence est plus importante, il suffit de déplacer les lampes. Ceci, naturellement, à condition que vous ne désiriez pas obtenir des effets spéciaux et que le film soit normalement développé.
Pour des émulsions noir et blanc, le mélange de lumière du jour et de lumière artificielle ne pose pas de problèmes majeurs, alors qu'un tel mélange est à proscrire si l'on désire obtenir une vue parfaite en couleur.
Voir également notre rubrique technique : Le portrait en studio.
4.5.3 - Le modèle.De nombreuses personnes se sentent gênées et mal à l'aise devant l'objectif d'un appareil photographique ; elles sont raides et manquent de naturel et, souvent, ce n'est qu'après de nombreuses minutes qu'elles se sentent à nouveau elles-mêmes. Si l'on engage la conversation sur un sujet qui intéresse la personne qui se trouve en face de l'appareil, il est possible de lui faire oublier qu'elle est observée par un objectif. Tout en parlant, il convient d'étudier attentivement les expressions du visage et les gestes, et l'on interrompt la conversation dès que l'on estime que le moment est propice. Après quelques photos, adresser quelques mots d'encouragement au modèle afin de lui donner l'impression qu'il est facile à photographier, même si l'on doit faire une entorse à la vérité, mais qui veut la fin veut les moyens. S'il s'avère absolument impossible d'obtenir une expression calme et naturelle bien que l'on ait eu recours à toutes les ruses psychologiques imaginables, il convient de jouer le dernier atout. On annonce au modèle que la séance de photographie est terminée mais on laisse l'appareil photographique en place tout en poursuivant la conversation. On peut alors noter une transformation presque immédiate. La tension du visage se relâche et la vraie personnalité réapparaît lentement. Après quelques instants on prend encore quelques vues et l'on peut être presque certain que le but est alors atteint.
Une méthode simple et efficace consiste à régler la mise au point sur l'oeil. Même si la profondeur de champ ne s'étend qu'à quelques centimètres de part et d'autre de l'endroit de mise au point exacte, on aura néanmoins l'impression que toute l'image est nette. On doit, toutefois, s'efforcer de reproduire tout le visage avec netteté alors que les oreilles et l'arrière de la tête peuvent s'estomper dans le flou.
4.5.4 - Le fond.En règle générale, le fond doit être discret pour ne pas détourner l'attention du sujet principal. Lors de la prise de vues en couleur, il convient d'éviter les fonds bariolés qui attirent les regards. Le fond doit être reproduit avec un léger flou. Ce résultat s'obtient par l'emploi de longues focales ou/et de grandes ouvertures de diaphragme, ce qui donne une profondeur de champ courte.
Lorsque l'on photographie un modèle dans son cadre, on désire conférer à l'image une dimension supplémentaire, c'est-à-dire qu'en plus de la reproduction du modèle lui-même on veut donner une idée du cadre et ainsi, de manière très simple, établir la relation entre les deux. Il faudra, naturellement, déterminer pour chaque cas particulier, si le fond doit être net ou flou, si le modèle doit être entièrement ou partiellement visible et s'il doit être au repos ou en pleine activité.
N'hésitez pas à gaspiller du film, en particulier en photographie de portrait. Le prix de revient du film est, malgré tout, relativement faible et, souvent, ce n'est qu'après quelques bobines de mise en train que s'établit le contact souhaité entre le photographe et son modèle. Même s'ils se connaissent déjà de longue date, il y a toujours une certaine résistance initiale qui doit être surmontée. Il serait presque possible de prendre les 24 premières vues sans film dans l'appareil mais on ne veut toutefois pas courir ce risque, car il peut arriver que, une fois sur dix, les meilleures vues soient celles qui sont prises au début.
4.5.5 - Photographie d'enfants.La photographie d'enfants est une occupation à la fois agréable et captivante. On ne sait jamais ce qui va se passer, car les enfants ont des réactions plus spontanées que les adultes et ils ne sont, en général, pas troublés par la présence d'un appareil photographique. En tant que photographe, on doit pouvoir réagir rapidement et être prêt à fixer sur la pellicule une soudaine explosion de tempérament ou une expression fugitive. On ne sait pas non plus combien de temps l'enfant en question restera de bon gré devant l'appareil sans être attiré ailleurs. Cela signifie que la séance de photographie est peut-être terminée s'il n'est pas possible de suivre le modèle avec l'appareil ou d'attirer à nouveau l'enfant à l'endroit initial. Une manifestation d'irritation ou des injonctions données sur un ton de commandement ne font qu'empirer immédiatement la situation, alors qu'une patience sans limites et une bonne psychologie permettent en général, de la rétablir. Les professionnels de la photographie d'enfants ont, le plus souvent, les poches remplies de pantins articulés, de crécelles, de ballons et d'articles de déguisement pour pouvoir captiver l'intérêt de l'enfant après que d'autres subterfuges éprouvés se soient avérés inefficaces.
Les meilleures photographies d'enfants sont celles prises alors que ceux-ci ne s'y attendent pas. Toute personne s'intéressant à la photographie a, en général, un appareil à portée de la main et, si l'on s'aperçoit que toutes les conditions sont réunies : expression, éclairage et fond, il convient de ne pas rater l'occasion. Il est impossible de procéder à une reconstitution ultérieure sans y perdre en fraîcheur et en spontanéité ; parfois, des images à caractère de reportage sont à préférer aux photos de studio conventionnelles où, bien souvent, les enfants sont trop bien peignés et trop bien habillés, mais chaque situation possède, naturellement, son propre charme. Il ne faut pas lésiner sur le film. Pour la photographie d'enfants, ceci est plus vrai que jamais. Il est ainsi possible d'obtenir toute une série de vues retraçant un événement amusant ou toute une séquence d'événements.
Un enfant est presque toujours en mouvement. Pour conserver l'impression de mouvement sur l'image, il est possible d'utiliser des vitesses d'obturation relativement lentes de manière que certaines parties de l'image présentent un flou de bougé. Ceci peut accroître l'effet esthétique de l'image. Mais il faut veiller à tenir l'appareil immobile de sorte que ce ne soit pas la totalité de l'image qui soit floue. Une autre possibilité consiste à suivre l'enfant avec l'appareil et ainsi estomper le fond sur lequel le sujet principal se détache alors avec netteté. Et, comme déjà dit, ne lésinez pas sur le film et ne perdez pas patience.
4.5.6 - Autoportraits.Une image très amusante à prendre, mais que l'on oublie bien trop souvent, est le portrait de soi-même. Lorsque l'on ne dispose pas d'autre modèle, il reste toujours soi-même. Il est même possible de faire un auto-portrait en procédant au déclenchement à l'aide d'un câble de télé-déclenchement. Il s'agit alors de veiller à une bonne mise au point et d'observer attentivement le fond pour pouvoir se placer exactement à l'endroit prévu.
Une autre possibilité consiste à utiliser un miroir. L'appareil photographique sera, dans ce cas, également visible sur l'image, mais on obtiendra souvent des résultats très intéressants et tous les éléments de l'image peuvent être facilement observés dans le viseur. Mais au moment de l'exposition, il convient de regarder l'image de l'objectif renvoyée par le miroir afin d'obtenir une meilleure vue du visage.
*
* *Ces quelques conseils sur une approche de la photographie de portraits ne sont pas vérités. Ils ne serviront qu'à développer la sensibilité qui est en vous. Ils vous apporteront le minimum de connaissance qui doit vous permettre de vous améliorer.
Alors à vos appareils !
Et laissez vos sentiments s'accrocher à votre regard pour partager avec d'autres (ceux à qui vous montrerez ces portraits) l'amour que vous avez ressenti pour votre ami(e), votre enfant, ou bien d'autres choses encore. La photographie est un langage, ne l'oubliez pas.
J.K. Huysmans disait : "Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît qu'on aime quelqu'un d'amour, c'est quand son visage vous inspire plus de désir qu'aucune autre partie de son corps".
Pensez à cela et montrez-le.
4.6 - La nature morte.
Reproduction des objets inanimés (fruits, fleurs, animaux morts, vaisselle, outils, vêtements, etc...). Les sujets sont d'une grande variété. Il nous suffit d'ouvrir un illustré, un catalogue, un livre de cuisine pour découvrir de talentueux travaux photographiques dus à ces spécialistes de la nature morte. Il faut dire que ces photographes travaillent dans un but commercial et sont des professionnels.
Quel que soit leur sujet, toutes les natures mortes exigent une laborieuse attention et beaucoup de minutie dans le détail ; le photographe se trouve confronté à un certain nombre d'options concernant :
- l'angle de prise de vue ;
- la distance ;
- l'éclairage ;
- le fond ;
- la disposition des éléments de son sujet ;
- les équilibres qu'il peut créer en jouant sur les zones d'ombre et de lumière, et s'il utilise de la couleur, tenir compte de son influence spécifique sur le mouvement, le rythme et le contraste.
4.6.1 - Réalisation d'une nature morte.Le matériel : un appareil photo, un pied, quelques lampes, une table.
La première question qui se pose, la plus importante peut-être, consiste à déterminer le genre de l'image que l'on veut obtenir.
- Veut-on transmettre un message ?
- Mettre en valeur une idée ?
- Cherche-t-on à définir un état d'âme ?
- S'intéresse-t-on avant tout aux qualités spécifiques des divers éléments de sa composition ?
4.6.2 - Les qualités révélées par la lumière.Le photographe qui contemple un objet voit un bien plus grand nombre de détails que la personne qui le regarde en passant. En effet, il le dissèque pour dégager divers éléments caractéristiques : il s'agit de la forme, du volume et de la texture (nature de sa surface). Pour obtenir une bonne nature morte, vous devez savoir au préalable laquelle des ces trois caractéristiques joue un rôle primordial dans la photographie que vous voulez prendre et choisir en conséquence la disposition des lampes ou projecteurs pour l'éclairement du sujet.
4.6.3 - La forme modelée par l'angle de prise de vue.Un changement de l'angle de prise de vue modifie la forme de n'importe quel objet, sauf la sphère et ceci pour le meilleur ou pour le pire. Lorsque la nature morte est constituée par plusieurs éléments, veiller à ce que telle modification de l'angle de prise de vue, qui permet d'accuser la nature de l'un d'eux, ne vienne pas détruire l'aspect de tel ou tel autre.
4.6.4 - L'équilibre de la composition.Dans une photo, certains arguments des éléments du sujet suggèrent la quiétude, tandis que d'autres donnent une impression de mouvement.
- Equilibre que les artistes qualifient de statique :
Carré, présentant une double symétrie, centre de gravité presque au milieu. On l'utilise dans une nature morte destinée à recréer une atmosphère de tranquillité.
- Equilibre que les artistes qualifient de dynamique, parce qu'il inspire une idée d'activité :
Ex : sur une photo, un oeillet équilibre 3 autres, mais comme le photographe lui a dévolu un espace particulièrement important, cet oeillet isolé est parfaitement autonome. L'espace qui entoure chaque objet et l'objet lui-même ont du poids et constituent l'un des facteurs de stabilité de la photographie.
Quels que soient la disposition des éléments et le choix de l'angle de prise de vue, ce sont les teintes de l'image qui en définitive doivent traduire les notions d'équilibre de la composition.
Deux façons de guider le regard de l'observateur :
- Entraîner, avec douceur, le regard jusqu'à un point présélectionné.
- Forcer le regard à se déplacer d'une façon désordonnée et dans un climat de tension.
L'on passe de la première à la seconde en rapprochant l'appareil du sujet.
Les avantages de la couleur et ses difficultés.
Dans la photographie des natures mortes, le rôle de la couleur ne se limite pas à renforcer le réalisme ; bien maniée, elle devient une force active qui anime la photographie, crée une ambiance, conduit le regard le long d'un trajet déterminé, engendre des tensions et vous apporte inconsciemment une sensation générale d'unité.
La couleur exige du photographe une précision dans le choix des teintes, suivant ce qu'il désire faire ressentir :
- Nonchalance : couleurs froides ce sont les bleus, verts jaunes de faible intensité.
- Activité : couleurs chaudes (rouges, jaunes profonds avec assez d'intensité). L'addition d'un bleu vif ou d'un bleu vert pourra produire l'effet criard que l'on souhaite mais, même pour les photographies pleines de vitalité, il faut mieux ne pas s'écarter des tons dominants. Cependant des couleurs très différentes peuvent s'équilibrer les unes, les autres.
- Façons d'engendrer le mouvement par la couleur. En général, l'oeil se laisse capter d'abord par une tache de couleur qui tranche avec les autres teintes. Une succession de couleurs graduées guide le regard le long d'un trajet pré-déterminé.
- La couleur peut suggérer la notion de volume : Un rouge paraît plus près qu'un bleu.
En couleur, le choix de l'arrière plan est très important. Il ne doit pas détruire le sujet en attirant trop le regard. De plus les couleurs du fond réduisent ou accroissent les contrastes. Le choix et l'arrangement des couleurs exigent la plus vive attention et l'éclairage qui les mettra en valeur demande une grande minutie. Chose curieuse, les sujets les plus provocants sont parfois ceux qui comptent un minimum de couleurs.
Dans tous les cas, se rappeler que c'est l'aptitude à observer qui donne toute sa valeur à la nature morte et non le choix du sujet ou l'emploi des procédés classiques de sa présentation. Autrement dit la qualité de l'image dépend de la capacité du photographe à étudier son sujet, à découvrir dans sa tête puis dans le viseur de l'appareil, la composition complète, telle qu'elle se présentera sur la pellicule.
4.7 - La photo macro.
4.7.1 - Définitions.
En s'approchant de plus en plus du sujet, on passe de la photo classique à la photo rapprochée puis à la photomacrographie ou macrophoto. La photo rapprochée permet, par l'adjonction d'accessoires, la prise de vue à une distance inférieure à la mise au point minimum de l'objectif utilisé. La photomacrographie permet par l'adjonction d'accessoires, la prise de vue au-delà du rapport 1/1 (en grandeur nature : un sujet de 1 cm dans la réalité sera représenté sur 1 cm sur le film).
4.7.2 - Contraintes.Pour faire de la photomacrographie, plusieurs moyens doivent être mis en oeuvre en fonction des buts poursuivis. Certaines conséquences en découlent. On peut les résumer ainsi :
Moyens et conséquences de la photomacrographie Buts Moyens Conséquences Grossissement Allongement du tirage (distance entre l'objectif et le boîtier) Perte de lumière Finesse des détails Utilisation de films lents (50 ou 100 ISO) Peu sensibles à la lumière Profondeur de champ Utilisation des diaphragmes les plus fermés (11, 16 ou 22) Perte de lumière Si on additionne les trois éléments ci-dessus, la lumière naturelle n'est pas suffisante pour obtenir le rapport 1/1 avec un film de 50 ISO à un diaphragme de 16 ou 22.
4.7.3 - Solutions.
- Diminuer le grossissement (mais on va à l'encontre du but recherché).
- Utiliser des films rapides (mais le grain devient important et l'avantage obtenu est faible : 1 ou 2 diaphragmes).
- Utiliser un diaphragme plus ouvert mais la mise au point devient problématique.
- Utiliser un flash électronique : c'est la meilleure solution car la lumière est constante, combinable avec le soleil, le grossissement peut être important, on peut utiliser des films lents et un diaphragme fermé.
4.7.4 - Comment utiliser un flash en photomacrographie.Le sujet étant très près de l'appareil :
- il faut détacher le flash du sabot de l'appareil ;
- l'automatisme du flash (si celui-ci en est doté) n'est pas utilisable (sauf essais répétés).
Il faut donc :
- utiliser un flash manuel (petit avec un faible nombre guide de préférence) ;
- diviser le nombre guide (NG) du flash par le diaphragme auquel on veut travailler et placer le flash à la distance ainsi calculée :
- NG du flash : 20 Diaph. Choisi : 16
Placer le flash à 20 / 16 = 1,25 m
- NG du flash : 16 Diaph. Choisi : 16
Placer le flash à 16 / 16 = 1 m
4.7.5 - Remarques.1) C'est la distance flash-sujet qui importe et non la distance appareil-sujet qui est sans intérêt.
2) Si vous utilisez plusieurs flashes, pour une meilleure répartition lumineuse, utilisez la formule suivante pour l'addition des nombres guides :
NGtotal =
3) Quel que soit le système utilisé faites toujours des essais : l'utilisation de votre matériel et de votre flash ne peut être déterminée à priori avec précision. Il vaut mieux sacrifier quelques photos et savoir comment opérer, plutôt que de garder une méthode empirique qui ne vous donnera de bons résultats que par hasard et sans possibilité de répétition.
Il existe cependant une solution radicale pour utiliser un flash sans avoir de calcul à effectuer, c'est d'utiliser un appareil avec mesure de la lumière TTL au flash : la cellule du flash est alors dans l'appareil et tient compte de l'allongement du tirage, de l'objectif utilisé, comme en lumière naturelle. Si la photomacrographie vous passionne, c'est évidemment la solution à adopter, vous ne le regretterez pas.
4.7.6 - Avec quel matériel peut-on faire de la photo rapprochée et de la photomacrographie ?Pour obtenir une image plus grande que celle obtenue par le matériel standard, il existe deux solutions :
- Diminuer la focale ;
- Augmenter le tirage (distance entre objectif et boîtier).
Au delà du rapport 1/1, il est conseillé de retourner l'objectif car on l'utilise pour un usage pour lequel il n'a pas été prévu. Ce retournement s'opère très facilement par utilisation d'une bague d'inversion. Evidemment, ce retournement est inutile si on utilise un objectif macro spécialement conçu pour la photo de près. De façon plus générale, les différentes possibilités offertes pour photographier au plus près du sujet, sont indiquées dans le tableau ci-après.
Accessoires pour la photomacrographie ACCESSOIRES AVANTAGES INCONVENIENTS LENTILLES ou BONNETTES
(diminution de la focale)Prix (env. 30 €)
Encombrement faible
Facilité d'emploi (elles se fixent comme un filtre)
Automatismes du boîtier conservésQualité affaiblie
Faible grossissement (rapport 1/5 maxi)BAGUES ALLONGES Qualité
Facilité d'emploi
Système combinable (une ou plusieurs bagues)
Grossissement (rapport jusqu'à 1/1)
Automatismes du boîtier conservésEncombrement
Prix (env. 120 €)
Grossissement par paliersSOUFFLETS (augmentation du tirage) Qualité
Forts grossissements sans paliersEncombrement
Prix (250 € en normal jusqu'à 400 € en auto)
Nécessité d'un piedOBJECTIF MACRO (augmentation du tirage) Pas besoin d'autres accessoires
Qualité
Facilité d'emploi
Automatismes du boîtier conservés
Grossissement ½ ou 1/1
Photo normale possiblePrix (mini 280 €)
Faible ouverture (3,5)
Résultats médiocres en utilisation normale
4.7.7 - Conseils pratiques sur la photomacrographie.
- Evitez de rechercher systématiquement les très forts grossissements qui impliquent que soient surmontées toutes les difficultés techniques.
- Préférez des rapports moyens souvent tout aussi spectaculaires, mais toujours plus esthétiques.
- Si vous utilisez un pied (stable, bien sûr), employez aussi un déclencheur souple.
- Inutile de tourner la bague de mise au point : elle est sans effet dès qu'on obtient un grossissement moyen. Il faut avancer et reculer l'appareil jusqu'à ce que l'image soit nette.
- Si vous n'avez qu'un seul flash vous pouvez quand même déboucher les ombres en utilisant un réflecteur (papier blanc, polystyrène expansé, dépoli blanc, serviette, etc.).
- Si le fond est disgracieux et visible en raison d'une profondeur de champ importante, utilisez du papier Canson de couleur : vous aurez un fond uni.
4.7.8 - Les sujets possibles.Fleurs, insectes, minéraux, timbres, vieilles photos, bijoux, objets les plus divers pris de près. La photomacrographie est un sujet inépuisable. A vos boîtiers et... cherchez la petite bête !
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