Lorsqu’en mars 2008, le Photo-Ciné-Club Offranvillais organise son exposition « Offranville, cent ans après… » en l’honneur de Jean Dasnias, maire d’Offranville et Conseiller général, qui a décidé de ne pas briguer un septième mandat, une rencontre inopinée va bouleverser ma vie pour les trois années à venir. Souvenez-vous, nous avions décidé de faire un parallèle entre les cartes postales éditées au début du siècle dernier et de nouvelles photographies réalisées, précisément, du même point de vue que celles de Georges Marchand et de ses confrères, à l’époque.

Et comme toujours, dans ces moments-là, il se trouve quelques visiteurs qui regrettent que nous n’ayons pas fait appel à leurs collections – dont nous ignorions l’existence – pour enrichir notre exposition. Mais, plus encore, une Offranvillaise de souche, touchée par notre démarche collective, prend contact avec moi pour me montrer quelques images de famille, précieusement conservées. Martine Selle, épouse Allais, elle ne m’en voudra pas de la citer, me présente alors une remarquable photo de mariage sur papier chamois datant de 1928, celui de Julien Selle et Marie Lefèvre et ô surprise ! la mariée était en noir. Pourquoi ? nous l’ignorions tous les deux.

Quelques semaines plus tard, nous en connaîtrons la raison. À la campagne, lorsque les mariées n’étaient pas trop fortunées, elles s’habillaient avec leurs plus beaux vêtements du moment. Et nous imaginions alors quels trésors devaient dormir dans les boîtes à chaussures et les albums de famille de nos contemporains… Et cela aurait pu en rester là !

Quelques mois passent et un second élément déclencheur va se produire lorsque Mireille Bialek, historienne locale, m’invite à participer modestement au livre qu’elle prépare à partir de cartes postales. Nous nous rencontrons et j’aperçois, dans les archives qu’elle a réunies, un certain nombre de photographies qui ne manquent pas d’intérêt.

Petit à petit, la perspective de monter une exposition à partir des images prises par les Offranvillais eux-mêmes, au siècle dernier, commence à faire son chemin et je m’en ouvre auprès de mes amis du Photo-Ciné-Club Offranvillais. L’idée les séduit. Même si nous n’imaginons pas encore vers quoi notre démarche débouchera, la collaboration technique à ce grand projet, dans le cadre du 40^ème anniversaire du P.C.C.O., m’est acquise.

À présent, il faut réunir la matière première, toujours avec l’aide précieuse de Mireille Bialek qui favorise les rencontres avec nos concitoyens. Un millier de photographies est collecté, toutes sont scannées en haute définition. Une équipe d’une douzaine de personnes, au sein du Club, sélectionne un tiers des épreuves et les répartit dans onze thèmes différents. Puis commence un travail ingrat de restauration des images et d’optimisation pour les agrandir. Parallèlement, les recherches se poursuivent pour légender toutes les photographies qui seront présentées au public. Il faudra trente mois pour monter cette impressionnante exposition en hommage à nos prédécesseurs, photographes anonymes témoins de leur temps !

L’intérêt iconographique de ce reportage, qui met en valeur la manière de vivre dans notre commune au XX^e siècle, nous a paru suffisamment singulier pour ne pas laisser tomber cette œuvre d’historien dans l’oubli, sitôt la clôture des expositions. C’est ainsi que le projet de sauvegarder cette mémoire à travers une belle édition a pu voir le jour à son tour. Pour rendre cet ouvrage abordable à tous, les membres du P.C.C.O. se sont remis au travail pour en réaliser eux-mêmes la mise en pages.

Nous espérons à présent que la découverte de ces images du passé, d’un passé parfois récent, vous aura apporté quelque plaisir ou émotion. Ce sera notre plus belle récompense à tous.

Jean-Jacques Dejeunes,
Président du P.C.C.O.