Le Photo-Ciné-Club Offranvillais a organisé dans le cadre de son trente-cinquième anniversaire : ITINERAIRES PHOTOGRAPHIQUES Rencontres et expositions photographiques |
Le voyage de Kingsley Photo-Club de Denain Le feu dans l'hiver Ça va
ça va bien
Mali
Analectes de rubis du P.C.C.O.
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KINGSLEY, carnet de route d'un immigrant clandestin
Fondée par Göksin Sipahioglu en 1973, Sipa Press est vite devenue l'une des principales agences de photojournalisme dans le monde.
Son équipe de 26 photographes à Paris et un réseau mondial de plus de 1 000 photoreporters couvrent l'ensemble de l'actualité internationale : les conflits majeurs, les événements politiques ou économiques, les rencontres sportives, les personnalités en vue, le show biz, la mode et réalisent des reportages sur des sujets culturels, scientifiques ou de société.
Avec une production quotidienne aussi importante que diversifiée, couvrant tous les domaines de l'actualité, et des dizaines de millions de photos d'archives, Sipa Press s'est bâti, depuis sa création, une culture d'entreprise inspirée par la réactivité, le goût du risque et l'expression de talents et de sensibilités multiples. Aussi engagée dans la couverture à chaud des événements que dans l'investigation de fond, ses photos sont à la "UNE" dans le monde entier.
Signe de la vitalité de l'agence, le talent et le travail de l'un de ses photographes, Olivier Jobard, ont été couronnés par de nombreux prix dont le 1er Prix Photo World Press 2006 / magazine - catégorie "Histoire Contemporaine" - pour son reportage "Le journal de Kingsley, carnet de route d'un immigrant clandestin". Ce travail est aujourd'hui valorisé par de nombreuses expositions, en France et à l'étranger : Arles du 4 juillet au 17 septembre 2006, Offranville du 28 octobre au 12 novembre 2006.
La révolution du numérique a bouleversé l'univers de la photo mais Sipa Press, à la frontière du reportage d'actualité et de l'investigation, continue à favoriser et à développer l'émergence de nouveaux talents et demeure le fleuron du photojournalisme français.
Espace Guy-de-Maupassant59 photographies couleur de l'agence SIPA PRESS.
J'ai rencontré Kingsley au Cameroun à l'occasion d'un reportage sur l'immigration clandestine. Ce jeune homme de 22 ans avait déjà tenté l'aventure deux ans auparavant, mais il avait dû rebrousser chemin faute d'argent. Depuis cette tentative avortée, il avait fait des économies et obtenu un important soutien auprès de ses proches. De plus, il était désormais attendu en France depuis que son meilleur ami et ex-collègue, Francis, avait réussi à immigrer légalement en épousant une touriste française. Kingsley était donc prêt à repartir.
Il quitte son pays en mai 2004 et traverse, en toute illégalité, le Nigeria, le Niger, franchit le désert du Sahara pour entrer en Algérie. Enfin, il atteint le Maroc. Là, après trois mois d'attente et deux séjours en prison, il embarque sur un esquif de fortune fourni par des passeurs, en compagnie d'une trentaine d'autres clandestins, pour rejoindre les îles Canaries.
Six mois après son départ du Cameroun, après avoir changé cinq fois d'identité et trois fois de nationalité, il touche enfin la terre européenne… escorté par des membres de la Guardia Civil.
Au début, notre relation était basée sur l'intérêt commun d'aller le plus loin possible dans notre entreprise. Lorsqu'il m'a proposé d'être présent quand l'un de ses amis lui remettait de l'argent, j'ai tout de suite compris que j'étais sa caution morale. Plus tard, il m'a demandé de garder sur moi tout son pécule pour ne pas être volé lors des différents passages de frontières. J'ai accepté, sachant que si je gardais ses économies, il ferait tout pour me retrouver en cas de séparation.
Des liens plus profonds se sont tissés progressivement, au fil des moments forts que nous avons partagés. Une confiance presque inébranlable s'est installée. Ce que nous avons vécu ensemble et le respect mutuel que nous éprouvons nous engagent indéfectiblement l'un envers l'autre. Je reconnais que j'ai très souvent oscillé entre le rôle d'observateur et celui d'acteur au cours de cette histoire, ce jusqu'à l'obtention du titre de séjour de Kingsley.
Parce qu'il avait confiance en moi, il a permis d'être exposé dans les journaux alors qu'il était encore clandestin. Je lui ai expliqué que cette médiatisation pourrait éventuellement lui permettre de constituer un dossier solide pour décrocher une dérogation. C'est ce qui s'est produit. Aujourd'hui, il vit en France tant bien que mal.
À une époque où le mérite est une vertu vantée par les hommes politiques, où la " prise de risque " et la " mise en danger " sont érigées en valeur étalon, je souhaite exposer, au travers de ce reportage, les difficultés d'un tel périple et mettre en lumière tout ce que ces migrants donnent - jusqu'à leur vie parfois - dans l'espoir d'une existence meilleure.
Olivier Jobard
Un livre Kingsley, carnet de route d'un immigrant clandestin est paru aux éditions Marval,
dans la continuité de cette exposition qui fut récompensée par le prestigieux Photo World Press 2006 / magazine.
Olivier Jobard est né le 20 janvier 1970.
Il intègre, en 1990, l'école Louis Lumière qui lui propose d'effectuer son stage de fin d'études à l'agence Sipa Press.
En 1992, Olivier Jobard rejoint l'équipe des photographes de Sipa. Il couvre de nombreux conflits dans le monde : Croatie, Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan, Soudan, Sierra Leone, Liberia, Côte-d'Ivoire, Colombie, Irak...
En 2000, il se rend à Sangatte. C'est le choc, il a devant lui la résultante de toute sa vie professionnelle. Ne voulant plus se contenter de saisir des instantanés de guerre ou d'oppression, il s'attache alors à en montrer aussi les conséquences. Pendant deux ans, il retourne ainsi périodiquement à Sangatte pour connaître ces hommes qui, du jour au lendemain, abandonnent un passé, une culture, une famille pour une nouvelle vie qu'ils rêvent meilleure. De ce travail naît une exposition présentée à Perpignan lors du festival Visa pour l'Image, en septembre 2002.
En 2004, poursuivant son travail sur l'immigration, Olivier Jobard rencontre Kingsley au Cameroun et décide de l'accompagner sur la route des clandestins vers l'Europe. Après avoir traversé le Nigeria, le Niger, le désert du Sahara, l'Algérie, ils arrivent enfin au Maroc et embarquent sur un esquif de fortune pour rejoindre les Canaries.
Pendant plus de six mois, Olivier Jobard établit une relation personnelle avec Kingsley qui le place bien au-delà du simple statut d'observateur. De cette aventure humaine naît un reportage qui a remporté plusieurs prix internationaux et a été publié dans la presse magazine dans plus de 20 pays (Paris Match, Le Monde 2, Geo, The Independent, Gente, El Pais, The Walrus…).
"C'est la nouvelle génération de reporters, de photographes, prenant des risques, avec un style rapide, passant du temps sur le terrain, concret, attentif et patient pour ne pas dire courageux. Derrière le scoop, il y a la force et l'énergie d'un bon photographe. À suivre..." Raymond Depardon.
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EXPOSITIONS ET PRIX :
1er prix World Press, Prix du Scoop d'Angers et Grand Prix Paris Match pour "Traversée Clandestine" (2005 et 2006)
Exposition "Itinéraires Clandestins" au Château d'Eau à Toulouse (mars 2005)
Grand Prix CARE International du Reportage Humanitaire pour son reportage sur le conflit du Darfour et Visa d'Or News attribué lors du Festival Visa pour l'Image de Perpignan (2004)
Exposition sur Sangatte au Festival Visa pour l'Image à Perpignan (2002)
Prix Picture of the Year pour un reportage sur la Tchétchénie (2000)
Dimanche 12 novembre à 15 heures :
Olivier Jobard a animé un colloque avec le public.
Ont participé à ce colloque :
Alain Pruvot, Président de la Fédération du Pas-de-Calais de la Ligue des Droits de l'Homme
et M. Scando, Directeur du Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile de Dieppe.
PHOTO-CLUB DE DENAIN
Photo : Georges BARBIER
Au ColombierSix fois vainqueur de la Coupe de France Noir-et-Blanc en 1982, 1997, 2000, 2001, 2002 et 2003, le Photo-Club de Denain réussit un beau doublé, en 2006, en remportant, pour la 7ème fois, le vase de Sèvres du Président de la République, se classant premier en Noir-et-Blanc et premier en Couleur Papier, un inédit dans les annales de la Fédération Photographique de France. Ce sont les images qui ont participé à ces deux dernières Coupes de France que nous propose le Photo-Club de Denain en réponse à ce souhait commun de ses membres, reconnus ou plus anonymes : faire que la photographie reste un plaisir partagé par le plus grand nombre.
JEAN-MARIE POURTOIS
Au Colombier
Jean-Marie Pourtois est membre du Photo-Club de Denain. Grand Prix d'Auteur FPF en 2001 avec "Des gens ordinaires", il remporte, en 2005, le Grand Prix FPF de la Créativité avec "Le feu dans l'hiver". L'auteur nous fait partager sa vision des carnavals où il apprécie "l'humaine modestie des feux de Bengale que les Gilles sèment là où résonnent leurs sabots. Ardente comme un sang neuf, chassant l'hiver au-delà de la nuit, leur lumière flambe dans nos veines et prolonge joyeusement nos danses sur les façades chaulées des vieilles maisons paysannes."
Le feu qui courtLe feu dans l'hiver
J'ai toujours habité le feu.
Entre terre et ciel, aujourd'hui encore, il nourrit mon rêveAllumés par les mains sages d'un grand-père au corps meurtri, les feux de mon enfance
sont des feux déchirés entre l'angoisse des attentes et la chaleur du vivre ensemble.
Aujourd'hui comme alorsDehors, c'était la guerre. Les hommes montaient au feu.
Dehors, c'était l'hiver. Le feu dans l'hiver.Agglutinées, le soir, autour d'un poêle que grand-père veillait religieusement, les femmes
bavardaient à mi-voix. Tapi au ventre creux de la lourde pénombre, je me taisais, fasciné,
subjugué autant par le clapotis des mots que par les lueurs étranges vomies des entrailles
du volcan dès que grand-père avait l'heureuse idée de soulever le couvercle. A ma plus vive
joie, une lumière rouge orangée éclaboussait soudainement le plafond de notre refuge et
dévorait nos ombresLa guerre s'en est allée. Et les hivers aussi.
D'autres feux m'ont connu, qui ont laissé des traces.
J'ai souvenance des talus d'herbes sèches incendiés par les enfants en maraude, j'ai souvenance
aussi des lanternes creusées dans de grasses betteraves que nous promenions de maison
en maison, à la tombée du jour, avec l'espoir endiablé de " faire peur ". Ces croisades
enfantines, rarement efficaces, s'épuisaient au matin dans un goût de trop peu. Et pourtant,
ces feux-là, ces feux de l'innocence consumés d'éphémère, hantent encore ma mémoire
aujourd'huiPuis, vinrent en procession les retraites aux flambeaux, les " brûlages des bosses " et les feux
d'artifice, artifices obligés des carnavals tapageurs d'après-guerre. A leur arrogante et vaine
beauté, j'ai toujours préféré l'humaine modestie des feux de Bengale que les Gilles sèment
là où résonnent leurs sabots. Ardente comme un sang neuf, chassant l'hiver au-delà de la nuit,
leur lumière flambe dans nos veines et prolonge joyeusement nos danses sur les façades
chaulées des vieilles maisons paysannes. Le carnaval ravive alors la sarabande infernale
des feux de mon enfance Je vous y emmène, brûlez-y froidementJean-Marie Pourtois
Le feu en grappes
Les sorcières du feu
" ainsi toujours en nous, comme un feu oublié, une enfance peut reprendre. "
Gaston Bachelard, " Poétique de la rêverie ".Les odeurs de poudre à canon ont imprégné ma petite enfance.
C'était le temps de l'angoisse, le temps de l'ombre, le temps de la poussière du temps.
Aujourd'hui encore, la fascination pour l'ombre m'est restée comme une volupté. L'ombre est mystère inépuisable.
De là à penser que mes images n'en seraient qu'une approche secrèteEn revanche, les années d'après-guerre m'ont initié à la blondeur des blés, au langage des miroirs d'eau, aux saveurs de la terre et du vent C'était le temps de la lumière, celle que l'on découvre malgré soi à gambader avec les moutons de nos ciels de campagne.
Et puis, il y eut les rencontres
J'ai rencontré de grands photographes : Homère, Virgile, Villon et Rutebeuf, Nerval et Rimbaud, Balzac, Proust, " Saint Ex. "
Je ne les ai jamais quittés.
Un jour, j'ai même rencontré la photographie, la photographie enseignée. C'était à l'école des Métiers d'Art du Hainaut, à Mons pour discipliner un peu le regard et l'objectif sans brimer l'authentique spontanéité du quotidien ni le désir du voyage intérieur.Je suis resté un amateur, d'amare, aimer.
La photographie est le seul miroir dans lequel j'ose me regarder.Aujourd'hui retraité, à défaut de promener mes valises sur toutes les lignes d'horizon, je cultive les odeurs de bois, de sève et de jardin sauvage. Je ne peux me détacher de mon arbre et j'adore écouter le vent qui se joue des feuilles d'un saule. Saviez-vous que seuls les arbres gardent la mémoire du vent ?...
Je n'éprouve qu'une seule envie : être cerf-volant. Lui au moins, il voit les cordillères
J'aimerais partir un jour de grand ventJean-Marie Pourtois
Haulchin, le 25 février 2005
MICHEL STAUMONT
Au ColombierMichel Staumont est également membre du Photo-Club de Denain. Il s'est vu décerner le Grand Prix d'Auteur FPF en 2005 pour son travail sur le Mali réalisé à l'aide d'un appareil photographique rudimentaire : Holga. "Holga est tout en plastique : c'est un jouet qui laisse passer ce qu'il veut bien : la lumière, bien sûr, mais aussi la poussière et les parasites divers ! Toutefois, ce qu'il restitue est tellement proche de mes sensations, de ma vision des choses, qu'il représente pour moi le crayon idéal pour écrire."
Photo Michel STAUMONT " Ça va ça va bien Mali. "
Partout et toujours, ces mots m'accueillaient,
inlassablement chantés au rythme du Mali
Il fut décidé, sur place,
que ce refrain serait le titre
de mon carnet de voyage,
construit très simplement
à l'image de ce pays.
Le Mali, c'est le Fleuve,
c'est le Sable
et parfois la Terre
et toujours des hommes, des femmes
et des enfantsMichel Staumont,
mars 2005
LES PUBLICATIONS
de Michel StaumontLe peuple des tribunes,
livre édité par le Musée Ethnologique de Béthune.Villages de France, revue.
Revue professionnelle
Leica 24 x 36Images Magazine
octobre/novembre 2004
Portfolio : Holga, ma ballade irlandaise.France Photographie
Magazine bimestriel, février 2005
Portfolio : Holga, ma ballade irlandaise.Réponses Photo
Magazine mensuel, mars 2005
Portfolio : Holga, ma ballade irlandaise.
LES PRIX
de Michel StaumontPrix Leica 1992.
Révélation 6èmes Photofolies de Rodez 1993.
Grand Prix des villes de :
Mouscron (Belgique),
San Angello (Italie),
Rovigno (Croatie),
Lille (France),
Belgrade (ex Yougoslavie).Lauréat et Mention spéciale de la Dotation Photo Service en 1998 avec Sang et Or et en 2004 avec Holga enToscane.
Grand Prix d'Europe ISF en 1998 avec Hélène et Sébastien et en 2002 avec NY.
Lauréat Prix Agfa Multicontrast Portfolio
avec Holga, ma ballade irlandaise.Grand Prix d'Auteur de la Fédération Photographique de France en 2005 avec Ça va ça va bien Mali.
ANALECTES DE RUBIS DU P.C.C.O.
Espace Guy-de-Maupassant82 photographies inédites du Photo-Ciné-Club Offranvillais : VISITE VIRTUELLE DE L'EXPOSITION
A Offranville, on aime l'image depuis 35 ans, sa liberté, son arrogance, ses remises en question, son émotion, son affectif, sa sensualité. Elle dérange, taquine, intrigue, interroge, scandalise. Elle attire, émeut, excite, apaise. Elle apprend, transmet, informe, évoque, montre. Elle ment, trahit, racole. Elle évolue, stagne, régresse, anticipe, s'adapte. Et si c'était la vie, tout çà ?
Photo : Christophe Roy Photo : Marcelle Wadoux"Analectes de rubis du P.C.C.O." : "Demandez à un ami de décrire de mémoire une photo qui l'a frappé. Il est fort probable qu'il augmentera l'importance de certains détails et qu'il en diminuera d'autres. Bref, il la recomposera, lui permettant ainsi d'exister autrement. La beauté de l'acte photographique réside dans ce principe : offrir à l'autre sa propre vision d'un sujet, la soumettre à l'interprétation et parfois, recueillir une nouvelle lecture." Les membres du Photo-Ciné-Club Offranvillais vous invitent à entrer dans leur monde, sans cesse renouvelé par la recherche et l'autocritique, en vous faisant partager leur passion des images.
Dates et horaires
Les expositions furent ouvertes au public : Samedi 28 octobre, Dimanche 29 octobre, Mercredi 1er novembre, Samedi 4 novembre, Dimanche 5 novembre, Samedi 11 novembre, Dimanche 12 novembre de 14 heures à 19 heures. Entrée libre et gratuite.
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