Photo-Ciné-Club Offranvillais

Rencontres avec...

J'AIMAIS, ET J'AIME DONC JEANLOUP SIEFF


Barbara dans la Vallée de la Mort
© 1977 Jeanloup Sieff


Portrait de la cuisinière d'un snack-bar de Shoshone, près de la Vallée de la Mort
© 1977 Jeanloup Sieff



Portrait d'une Dame assise
© 1972 Jeanloup Sieff


Femme nue gravissant une dune
© 1970 Jeanloup Sieff


Vallée de la Mort
© 1977 Jeanloup Sieff


Alfred Hitchcock posant pour
une photo de mode avec Ina
© 1962 Jeanloup Sieff

 

Contrairement à des amis du club, je n'ai pas eu la chance de le rencontrer lors de son exposition à Offranville en 1984. C'est certainement ma plus grande punition à mon entrée tardive au PCCO, car Jeanloup SIEFF m'accompagna dès mes premières amours photographiques. Ce n'est la avec le journal Elle, qui lui offrit sa chance dans la fin des années cinquante, que je le découvris, mais plutôt avec le magazine Photo qui dès son numéro un de juillet 1967 lui ouvrit ses pages. Et puis il y eut le choc, en 1978, de son livre sur la Vallée de la Mort. Ce fut alors la découverte de ses noirs profonds, de ses ciels plombés, des seins de Barbara (qui va devenir sa femme) surgis comme un soleil dans le désert américain, du visage ridé d'une vieille cuisinière américaine de snack bar. Et puis encore et toujours le noir, le vrai noir, celui où contrairement à tous les principes de tirage, le regard se perd, se noie comme dans l'eau d'un puits ; ce noir qui engloutit avec lui le secret de l'image. Ce contraste, cette violence de la lumière m'attirèrent tout naturellement vers les images de ce parisien d'origine polonaise, qui semblait résumer en deux couleurs, l'opposition permanente du monde : la peau et la matière, la nudité et le vêtement, la terre et le ciel. Dès lors, j'allais m'attacher à suivre pas à pas son oeuvre. J'appris donc à reconnaître ses photos de mode dans Vogue, qui lui offrit le luxe de rencontrer de belles femmes, de les photographier et d'être payé pour cela, ses images publicitaires uniques comme celles des chaussures Carel, ses photographies de derrières postérieurs à Mai 68, ses corps légèrement habillés par la lumière et teintés d'un érotisme puissant, ses portraits de célébrités comme cet émouvant visage de François HARDY qu'il réussit à saisir malgré la douleur de son cancer implacable. Mais Jeanloup SIEFF, c'était aussi l'amour des mots qu'il aimait faire s'entrechoquer, triturer pour un jeu de mots ou un aphorisme digne de Cioran.


P.A. Boutang déchirant
une photo de mode
© 1963 Jeanloup Sieff

Avec Jeanloup SIEFF, l'image avait trouvé l'angle de la vie, son grand angle.

Au moment de refermer provisoirement son album, on constate que presque toutes ses photos sont des images verticales, seul format permettant de saisir la silhouette d'une femme, la blancheur d'une touffe d'herbe sous un ciel noir. Normal. On imagine mal Jeanloup SIEFF vivre autrement que debout. Quoique... Quoique ses rares images horizontales soient celles des fesses allongées et couchées sur la lumière. Un fin duvet blond irise le grain de la peau. Le photographe, par exception, s'est allongé. Pour un moment magique.

Oui, décidément, j'aime vraiment les photos de Jeanloup SIEFF.

Eric RUBERT

Ouvrages indispensables et toujours disponibles :
  • l'incontournable Demain le temps sera plus vieux aux éditions Evergreen
  • Faites comme si je n'étais pas là aux éditions de La Martinière (2000)
  • A noter un livre posthume très attendu à paraître à l'automne 2001 : La terre se souvient de la guerre 14-18 dont le magazine Photo publie un inédit dans son numéro spécial de Novembre 2000.

  • Jeanloup SIEFF faisait partie de la mission photographique de la Somme pour ses reportages sur Les champs de bataille de la Somme.

    Les images sélectionnées pour cet hommage sont extraites de l'ouvrage intitulé "Portraits de Dames assises, de paysages tristes et de nus mollement las, suivis de quelques instants privilégiés et accompagnés de textes n'ayant aucun rapport avec les images", Ed. Contrejour, 1984.


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