Photo-Ciné-Club Offranvillais

POLKA MAGAZINE

NUMERO 25. Mars Avril Mai 2014

Nous vous avions présenté en septembre dernier Polka Magazine, le trimestriel consacré essentiellement au photo journalisme.
Le numéro du printemps vient de sortir.
Éclairage sur ce numéro un peu hors norme.
Pas d'hésitation, la couverture colorée, saturée, tonitruante et... gaie, traverse tout le numéro. Choix rédactionnel bien peu photographique (justifiant l'originalité et le fondement de Polka) que Alain Genestar explique dans son éditorial : c'est une photo de William Klein, 85 ans, tirée de son premier reportage numérique qui est le cœur même de ce numéro avec un port folio de 48 pages consacré à Brooklyn, et c'est un énorme rire provocant, « en pied de nez, en réponse au noir et au gris de nos jours (...) ».


Et la couleur, c'est bien ce qui éclate dans ce reportage d'un mois dans ce quartier de New York, la couleur exubérante, pétante, exaltante qui n'est pas sans rappeler le fameux Kodachrome 25 saturé à souhait, rappel de nos jeunes années quand la pellicule transformait un pâle ciel gris en coucher de soleil flamboyant. Pas de photo exceptionnelle dans le travail de William Klein mais un ensemble de 23 photographies cohérentes, complémentaires, suggestives, occupant tout le viseur de l'appareil, ne laissant aucune place aux détails inutiles. Bref un vrai photo reportage montrant plus que démontrant.


Moins nombreuses, mais encore plus percutantes, quatre photos double pages consacrées à la tragédie ukrainienne de la place Maïdan, images d'une « tragédie étrangement photogénique ». La photo d'un couple d'opposants se reposant est déjà gravée dans ma mémoire comme cette photo en plongée séparant parfaitement en deux images distinctes, les forces d'opposition casquées d'orange à gauche, et les casques noirs argentés des policiers à droite. Éternelle question de l'esthétisme renforçant, ou non, la force des images de témoignage.

Polka ne serait pas Polka sans son changement de ton et son éclectisme. Normal de trouver alors de manière plus légère (et moins convaincante) un reportage sur le théâtre du Châtelet ou sur une commémoration du centenaire de 14-18 incluant des jeunes en insertion.

La complémentarité texte-images que revendique Polka trouve toute sa force dans le reportage de Christophe Calais qui est revenu, vingt ans après le génocide rwandais, raconter l'histoire d'Angélo, l'enfant Hutu sauvé d'un charnier. Un reportage qui pose honnêtement la question du photo journalisme happé par l’événement sans capacité d'analyse et de mise en perspective.
Un constat et une critique acerbe que reprend à son compte un long article consacré à un couple franco rwandais « écœuré » du traitement médiatique de la France qui ne s'est apitoyée, via les images des photo reporters, que lorsque fut découverte la fuite des populations, surtout Hutu, fuyant le parti Patriotique Rwandais. Procès d'une société dans laquelle des événements n'existent que s'ils sont accompagnés d'images et de photos. Un constat que reprend à son compte de manière plus légère un article consacré à l'exposition tant décriée du Centre Pompidou-Metz consacré aux Paparazzi, article intitulé justement « Sans photo, pas d'histoire ». Ou tout simplement « pas d'Histoire » ?

« Souriez, c'est le début de la victoire », écrit Alain Genestar en conclusion de son éditorial. Souriez certes mais intelligemment, aurait il pu ajouter, à la lecture de ce numéro.

Eric Rubert

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